L’assassinat de l’équipe de rédaction de Charlie Hebdo hier est bouleversant et révoltant. Et l’émotion est d’autant plus forte que c’est dans l’exercice de leur métier que les rédacteurs de ce magazine ont été victime de la violence terroriste. Chacun ressent bien au fond de soi-même que son adhésion à des valeurs différentes ou opposées  peut en faire une cible offerte  à une violence extrêmement lucide, déterminée, froide. Cela suscite de la peur, distille de la méfiance, qui alimente aussi des raisons de haïr ou de discriminer. Voire même de chercher des justifications car l’intelligence ne se satisfait pas de l’irrationnel…
 

L’Esprit a la violence en horreur, et Dieu n’a pas besoin de bras armé ou vengeur pour se défendre. Il cherche depuis toujours des cœurs qui aiment avec assez de courage pour dépasser leur peur et s’ouvrir à la rencontre de l’autre, différent, en construisant ensemble un monde vivable. Nécessaire pour résister, la cohésion nationale ne suffit pas à fonder une sécurité et une paix durables. Au moment des faits, une délégation d’imams de France rencontrait le pape François. Seul le chemin du dialogue à tous les niveaux et en toutes circonstances peut conduire à une reconnaissance plus juste et à une liberté plus grande.
 

Dans la désolation spirituelle, nous dit Ignace, il convient de ne rien changer aux décisions qui ont été prises dans la liberté. C’est donc le moment de tenir et d’intensifier notre mission de revue spirituelle : aider à discerner les enjeux et les combats d’une humanité  plus accueillante et ouverte à l’autre, autrement dit  à l’avenir et à Dieu.