Que dit l’Ancien Testament sur la manière d’entrer dans cette attitude spirituelle ? L’argument permet plusieurs entrées. Une méditation sur la Sagesse sera privilégiée 1. La Genèse, à l’enseigne du commencement et de la création, instances de la Sagesse, mérite d’être honorée. Commençons par là.
 

Un Dieu qui engendre


La création selon Gn 1,1–2,4a est présentée comme un engendrement 2 par Dieu du ciel et de la terre. L’auteur « sacerdotal » écrit à la lumière de l’exil (587-536 av. J.-C.). Il a connu cette expérience de mort et de résurrection, supposée par le retour du peuple juif sur sa terre et la reconstruction du temple. Seul un Père peut sauver d’une telle épreuve en créant du neuf plus beau qu’avant. « Tels sont les engendrements du ciel et de la terre dans leur création » (2,4a).
Le terme « engendrements » (tôledôt 3) revient par la suite à dix reprises. C’est à l’occasion des généalogies qui divisent ainsi l’histoire pré-mosaïque en dix périodes : « Tel est le livre des engendrements d’Adam » (5,1) ; « Tels sont les engendrements de Noé » (6,9) ; « Tels sont les engendrements des fils de Noé » (10,1) ; « Tels sont les engendrements de Sem » (11,10) ; « Et tels sont les engendrements de Terah » (11,27). La dernière formule conclut Gn 1–11, cette histoire primordiale au fondement de l’histoire. Elle introduit l’histoire d’Abraham. Elle sert auparavant à distinguer cinq étapes dans la première partie de la Genèse : ciel et terre, la création à part, comme socle de la suite ; Adam, Noé, les fils de Noé, et spécialement Sem, ancêtre d’Abraham, avant Terah, père d’Abraham : « Et tels sont les engendrements d’Ismaël, fils d’Abraham » (25,12) ; « Et tels sont les engendrements d’Isaac, fils d’Abraham » (25,19).
Les enfants de l’esclave, Agar, et ceux de l’épouse, Sarah, font l’objet d’une observation particulière, rappel discret de ces naissances problématiques. La Genèse prend bien soin de ceux qui sont issus du fils de l’esclave