Avec 2014 s’ouvre une année riche pour la spiritualité ignatienne. C’est d’abord l’anniversaire de la « restauration » de la Compagnie de Jésus par le pape Pie VII, le 7 août 1814, après 40 ans de « suppression ». 140 ans plus tard, en janvier 1954, paraît le premier numéro de la revue Christus qui fête ainsi joyeusement ses soixante ans. Aucune continuité historique entre ces deux événements, mais une même dynamique, celle d’un retour aux sources. Dans une Europe en recomposition après des années de guerres meurtrières et de combats idéologiques, c’est à des spirituels qu’est confiée la tâche de reconstruire la Compagnie de Jésus en 1814, et, en 1954, d’en retrouver l’intuition apostolique.
La suppression de la Compagnie a paradoxalement stimulé les ignatiens dispersés à faire des lectures nouvelles de leur tradition. Et au début du
XIXe siècle, le renouveau des Exercices spirituels donna naissance à des instituts, masculins et féminins, à des mouvements de laïcs, à des collèges, universités et centres de retraite – témoins du besoin de formation adaptée à une société en mutation.
Mais là où en 1814 la nouvelle Compagnie s’inscrivait d’emblée en rupture avec la Révolution, la première équipe de Christus, en 1954, situe sa mission au cœur du discernement évangélique : « Se plaçant toujours au point de vue de l’âme en qui agit la grâce de Dieu, [la revue] s’intéressera à tout ce qui permet de fonder, de clarifier, d’épanouir les relations de chacun avec son Seigneur et avec ses frères. »