Désencombrer en nous la source de la vie divine. (Jn 4, 1-40)
Boire à la source de la vie qui nous régénère de l’intérieur est le don gratuit que nous fait Jésus comme à la Samaritaine. Cette vie jaillissante fait la vérité dans nos cœurs, et la joie du pardon vécu déborde en témoignage d’une Bonne Nouvelle qui dépasse nos limites de toutes sortes et nous relie par le coeur aux autres et à Dieu.
- Il y a en chacun de nous une source qui demande à « jaillir en vie éternelle », en vie sans cesse nouvelle et vive. Mais seuls, nous n’en trouvons pas l’accès, trop encombré par les préoccupations, les fatigues, les préjugés sur la vie, les autres, les bonnes manières de croire, de prier, de célébrer. Etty Hillsum, une jeune femme juive, athée, qui trouve Dieu à l’intime d’elle-même, au cours d’une psychanalyse au début de la Seconde Guerre mondiale, parle de cette source à désencombrer d’une manière étonnamment proche de cette rencontre entre Jésus et la Samaritaine : « Il faut dégager chez l’autre la voie qui mène à toi, mon Dieu, et pour ce faire, il faut être un grand connaisseur de l’âme humaine » (Journal, 17 septembre 1943). Nous avons besoin d’un autre, ami, frère ou sœur, accompagnateur, qui, par son écoute bienveillante et libre, dans une conversation pacifiante, touche en nous cette source et l’appelle à jaillir. Eveil ou réveil de la vie et du désir spirituels, bien propre à ce temps du Carême.
- Elle jaillit en vie éternelle, cette source intérieure, parce que l’Esprit du Christ qui l’abonde nous met en vérité avec lui et avec nous-même. Il nous révèle par sa présence le dynamisme intérieur étonnant de force et de recommencements qui nous habite comme la Samaritaine, et qui nous entraîne sur des chemins inédits de foi, d’espérance, d’amour toujours à reprendre. Car nous nous laissons souvent égarer, disperser, replier. « Le péché, c’est de l’amour qui s’égare » écrit le P. Varillon. En Jésus, Dieu s’affirme ainsi être toujours du côté de ce qui donne corps et réalité à nos tentatives pour mieux aimer, mieux prier, gagner en bonté et en bienveillance. Nous cherchons souvent la manière juste d’être à l’écoute de Dieu, et lui nous dit à travers la Samaritaine qu’il désire seulement qu’on l’adore « en esprit et en vérité », dans la droiture d’intention et l’ouverture sincère du cœur. Là se donne la vie juste, qui devient visage, corps et parole de la miséricorde pour aujourd’hui dans ces circonstances. A quelles expériences ou situations récentes cela me renvoie-t-il ?
- Le signe en est la joie débordante issue de cette révélation de nous-même qui nous unifie profondément en nous signifiant le pardon de Dieu. Désir d’aller de l’avant qui se communique à d’autres: « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, ne serait-il pas le Christ ? » (4, 29). C’est le corps du Christ qui se rend visible et charnel aujourd’hui quand se rassemblent pour célébrer et témoigner ceux en qui il a fait la vérité et jaillir la source de vie au-dedans d’eux-mêmes.
Ce mouvement de la foi au plus intérieur de soi qui déborde et appelle autour de soi, donne goût à prier pour les « cellules paroissiales d’évangélisation » qui naissent et se développent en divers diocèses. On se réunit à quelques-uns pendant 1h30 pour prier, découvrir la parole de Dieu et partager notre expérience de sa présence (ou de son absence) dans nos vies. Cellules appelées à grandir pour se scinder et se multiplier. Entre chaque rencontre, chacun essaie de mieux rendre service autour de lui….
Bonne semaine !