Si le patrimoine religieux inscrit la mémoire de Dieu dans la pierre, c'est surtout la vitalité des communautés de foi qui en portent une présence vivante dans nos villes. Pour l'Église catholique, l'enjeu pastoral est peut-être de se mettre à l'écoute des habitants pour inventer ou désensabler avec eux les « lieux sources » de vie fraternelle où se désaltérer, goûter la joie et trouver l'espérance que donne la foi.

Christus : Vous avez tous les trois des expériences de la pastorale en ville. Que pouvez-vous en dire dans les contextes qui sont les vôtres ? Comment annonce-t-on Dieu dans la ville ?

Mgr Stanislas Lalanne : Pour ma part, je suis évêque de Pontoise, dans le Val-d'Oise, un diocèse qui comprend la ville de Cergy, un exemple de développement urbain moderne. La moitié du territoire du diocèse est rural, avec 5 % de la population ; cependant, le reste est urbain et se densifie énormément. Le diocèse se caractérise par une grande diversité de population et par une variété importante de milieux sociaux. La richesse et la pauvreté se côtoient. Mais, c'est malgré tout un contexte où prédomine la pauvreté et où il y a beaucoup de solitude cachée. Il y a un grand nombre de femmes seules, qui portent le poids du jour, souvent avec courage, mais qui ont des petits métiers et qui tirent le diable par la queue. Les gens ont des temps de transport énormes : parfois plus de trois heures par jour. Bref, un milieu urbain fait de contrastes et de vies difficiles. Cent quarante nationalités se côtoient dans tout le département. Nous avons une population très importante de migrants, ce sont des gens qui ont une double, voire une triple appartenance. Un fait qu'il ne faut pas négliger dans l'annonce de l'Évangile.

Désensabler les sources

Sœur Marie-Laure : Je suis membre des Fraternités monastiques de Jérusalem depuis trente-deux ans. J'y ai été notamment secrétaire de notre fondateur, le père Pierre-Marie Delfieux, pendant presque vingt ans, de 1994 à 2013. Je travaille maintenant d'une part pour notre revue Sources vives, et d'autre part à classer ses archives. Les choses ne se présentent pas de la même manière pour nous, puisque nous sommes au centre de Paris. Notre apostolat est d'être là et d'accueillir les gens qui