Quelle place la ville occupe-t-elle donc dans l'immense construction littéraire que représente la Bible ? Quelle place occupe-t-elle dans le dessein de Dieu tel que les hommes le comprennent et l'accueillent ?

La Bible s'ouvre sur l'expulsion du couple humain hors du jardin de l'Éden, pour travailler le sol et en tirer sa subsistance. Alors que le projet de Dieu est un monde de douceur pour ceux qu'il veut à son image et à sa ressemblance, la fracture qu'introduisent le soupçon et le mensonge révèle une humanité qui peine à la tâche et doit s'adapter : les hommes adoptent différents modes de vie et évoluent très vite vers la construction de villes. Caïn, le premier, bâtit une ville qui prend le nom de son fils Hénok, un nom qui évoque la dédicace d'une ville ou d'un monument : l'humanité ne se conçoit guère sans le travail des bâtisseurs.

Pourtant, quelques chapitres plus loin, les hommes échoueront dans leur tentative de construire la ville de Babel : Dieu les disperse sur toute la surface de la terre ! Et, si l'histoire biblique reste fascinée et comme focalisée sur Jérusalem, la ville où Dieu vient habiter au milieu de son peuple, la capitale sera plusieurs fois détruite, et finalement rasée, au point que l'espérance juive se traduira pendant des siècles par le souhait : « L'an prochain, à Jérusalem ! » L'espérance chrétienne, elle, se dit dans les derniers chapitres du texte biblique : l'Apocalypse clôt le livre sur la descente de la Jérusalem nouvelle, habitée par l'Esprit dans l'attente du Seigneur qui vient.

La ville à l'assaut du ciel

C'est probablement en exil à Babylone que les scribes et les prêtres du royaume de Juda ont rassemblé, relu et réécrit les