Au vu du flot continu et ininterrompu des nouvelles s'affichant jour et nuit sur nos écrans, nos fils d'information, des alertes sur nos téléphones, nous pourrions, tels des Héraclite postmodernes, confesser que « tout s'écoule » (panta rhei). Nul point fixe, nulle répétition dans ce mouvement continuel, si ce n'est l'accueil perpétuel de la nouveauté et du flux des vies qui s'écoulent, instant après instant. Pourtant le diagnostic de notre époque ne serait pas complet sans ajouter l'accélération du mouvement, du flux. Comme l'a bien observé le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa1, le sujet contemporain est confronté à un manque perpétuel de temps : il doit agir de plus en plus vite pour faire face à l'explosion des choix et des sollicitations apportés par l'accélération des nouveautés techniques et l'accélération des changements sociétaux. Hartmut Rosa voit dans cette accélération une nouvelle forme de l'aliénation humaine, mais d'autres, comme l'ingénieur et inventeur Ray Kurzweil, y voient un signe de la transition vers la singularité2, ce moment où le premier homme abandonnera la lenteur désespérante de notre corps biologique et de notre cerveau pour se transférer