Trad. E. CItudijan Saint-Anfré. Postf. Q. Epiney-Burgard. Cerf/Jaca Book, coll. « Histoire du christianisme », 2002, 143 p., 19 €.

Délicieuse est la lecture de ce petit ouvrage. L'auteur en consacre près du tiers à réactiver la thèse combien aventureuse qui attribue ce classique de la spiritualité à l'hypothétique bénédictin Jean Gersèn, thèse qu'en une courte postface Georgette Epiney-Burgard démonte avec autant de courtoisie que d'érudition définitive.
Néanmoins, l'essentiel de ces pages reste l'examen méthodique des thèmes spirituels où, bien évidemment, l'attribution à l'improbable auteur du XIIIe siècle interdit de reconnaître la sensibilité de la Devotio moderna et l'héritage de Ruusbroec, mis à la portée de tout chrétien honnête et soucieux de perfection. C'est par le biais ascétique, associé à la dévotion à l'humanité souffrante du Christ, que se fraye le chemin de l'intériorisation vers « la douceur du paradis intérieur » (P. Verdeyen). On appréciera la rapide évocation qui est esquissée de l'influence de ce chef-d’œuvre sur la spiritualité moderne.
On aurait aimé un regard plus substantiel sur l'usage qu'en fit Thérèse de Lisieux et aussi que fût signalé l'intérêt qu'y prit un Jean Sulivan dans sa quête d'intériorité.