Y-a-t-il dans la Bible histoire plus encourageante pour un sportif que celle de David affrontant Goliath ? La description de cet exploit trouve place dans l’ensemble de l’histoire de David [1] qui peut être considérée comme un des récits les plus attachants de l’Ancien Testament : « David est comme un résumé d’humanité, il attire. [2] » Une telle attraction réside en partie dans la complexité de cette personnalité que trois présentations différentes contribuent à mettre en évidence. David apparaît d’abord lorsque Samuel obéit au choix de Dieu et oint le huitième fils de Jessé que ne privilégiaient ni le rang d’aîné, ni une haute taille (1 S 16,6-13). Puis le jeune berger est envoyé au service du roi Saül pour jouer de la lyre lorsqu’un esprit mauvais s’empare de celui-ci (1 S 16,14-23). Enfin, la troisième entrée en scène de David le présente en contraste avec ses frères aînés qui avaient suivi Saül à la guerre (1 S 17,12-15).
Ces trois perspectives se combinent pour donner un profond relief au personnage, car la lumière est ainsi dirigée vers David de plusieurs points de vue. L’observation du combat contre Goliath pourrait être l’un de ces points de vue. À travers l’enjeu, le déroulement et les conséquences de cette lutte, c’est la capacité de David à exercer la royauté qui est évaluée. Mais, vu sous l’angle d’un défi à relever, cet affrontement pourrait aussi livrer quelques enseignements sur la pratique sportive. Telle qu’elle est racontée, la lutte des deux champions peut conduire à interroger aussi bien le temps de la préparation du combat que celui de la victoire. Ce récit apporterait ainsi un éclairage sur le déploiement de la force corporelle dans le sport et sur son juste emploi.
 

À la manière d’une compétition


La lecture du chapitre 17 du premier livre de Samuel permet-elle vraiment de comparer le combat de David et Goliath à une compétition sportive ? Bien évidemment, des restrictions s’imposent à un tel rapprochement : ce sont à la fois le contexte de guerre et les termes de l’enjeu. En effet, la lutte des deux hommes résulte du conflit entre deux camps ennemis – les Philistins et les hommes d’Israël – et son issue est vitale car la victoire d’un camp signifiera nécessairement la déroute pour l’autre. Mais, une fois posée cette limite, des similitudes apparaissent. Tout d’abord, les protagonistes se mettent en place à la manière dont un stade se remplit : « Les Philistins se tenaient sur la montagne d’un côté ; les Israélites se tenaient sur la montagne de l’autre côté ; la vallée était entre eux. [3] » (1 S 17,3). Voici dressé le décor de l’exploit avec ce face-à-face des adversaires, comme il peut exister dans bien des rencontres sportives, qu’elles soient individuelles ou collectives. <...

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