Pourtant, l'expérience patiemment relue de ce que nous vivons en participant à diverses célébrations nous amène à moduler notre jugement. En effet, qui n'a vécu une joie profonde au cours d'une célébration, à l'écoute d'une lecture qu'il a reçue comme Parole de Dieu pour lui et qui l'a touché ? Qui n'a vécu une joie profonde, qui l'a saisi de l'intérieur, à communier au Christ dans son Corps et son Sang ? Qui n'a vécu, comme une véritable consolation, ce sens de la fraternité, du Corps rassemblé dans les voix réunies en un même chant ? Qui n'a été surpris par une vive joie — ou en a été témoin pour un autre — en entendant dans le sacrement de réconciliation « Et moi (…), je vous pardonne tous vos péchés » ? Qui n'a été tout joyeux à la sortie de la messe de la nuit de Noël ou de la Vigile pascale ? La liturgie nous ouvre vraiment à la joie !
Si la joie peut être accueillie au cœur de toute liturgie, c'est qu'il y a une réelle connivence entre celles-ci En toute célébration commune, l'Église en prière est appelée à connaître la joie et à en vivre 3.
Dans les textes, une exultation
Ce lien fort entre célébration liturgique et joie, nous le trouvons déjà dans la prière d'Israël et celle des premières communautés chrétiennes. Au sein de la première alliance, la joie est un élément de la promesse de Dieu ; c'est un fruit de la bénédiction. Cette joie, le peuple la laissait éclater aux grands jours de victoire, de couronnement, au retour des prisonniers. Mais plus encore, pour Israël, la joie est le don même de Dieu qui reste fidèle à son alliance. Dans son culte, Israël trouve sa joie à louer Dieu, un Dieu qui l'invite d'abord à se réjouir d'être en sa présence. Pas de fête sans enthousiasme ou jubilation ! Cette joie nous est rendue familière dans la prière des psaumes, expression de la prière d'Israël et source de la prière chrétienne 4. Dieu est source de joie, même quand on l'appelle du fond de la détresse.
Le Nouveau Testament n'est pas en reste. Les béatitudes de Jésus, ces appels (« Heureux ! ») si souvent répétés, décrivent ceux qui vivent du Royaume. La plénitude de la joie est promise à ceux qui croient en lui (cf Jn 17,13). Pour Paul, la joie est bien un fruit de l'Esprit Saint (cf Ga 5,22). C'est la joie pascale qui rejaillit dans cette expérience des disciples à la rencontre du Ressuscité. L'Apôtre des nations n'a de cesse de relier la prière de la communauté et la joie : joie, concorde, paix, prière, supplication et action de grâce vont ensemble (cf Ph 4...
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