S’ aventurer à poser quelques réflexions sur « l'amitié dans le corps de l'Eglise » quand on est femme, laïque et mariée est un peu risqué. Je tenterai cependant une approche, nécessairement limitée, à partir d'une expérience à la fois personnelle et conjugale.
A la relecture, il apparaît que l'amitié, telle que nous l'avons vécue — et continuons à la vivre — en couple et en Eglise, a participé de manière décisive, dans notre parcours, à un lent processus de maturation humaine et spirituelle. Quelles formes a-t-elle prises au long de notre chemin et comment a-t-elle contribué à cette construction ? Force est de constater que le chant de l'amitié retentit de façon singulière dans l'Eglise. Pourquoi ses accents, interprétés en apparence sur un mode mineur, s'avèrent-ils déterminants dans la ligne mélodique de l'ensemble ? La diversité de ses états de vie, la simplicité choisie de ses moeurs, la vérité qui préside aux échanges interpersonnels suffisent- ils à donner cette tonalité si particulière à sa musique ? Quelles ouvertures suscite l'amitié partagée en Eglise et en quoi est-elle une aide précieuse pour la mission elle-même ?
A la relecture, il apparaît que l'amitié, telle que nous l'avons vécue — et continuons à la vivre — en couple et en Eglise, a participé de manière décisive, dans notre parcours, à un lent processus de maturation humaine et spirituelle. Quelles formes a-t-elle prises au long de notre chemin et comment a-t-elle contribué à cette construction ? Force est de constater que le chant de l'amitié retentit de façon singulière dans l'Eglise. Pourquoi ses accents, interprétés en apparence sur un mode mineur, s'avèrent-ils déterminants dans la ligne mélodique de l'ensemble ? La diversité de ses états de vie, la simplicité choisie de ses moeurs, la vérité qui préside aux échanges interpersonnels suffisent- ils à donner cette tonalité si particulière à sa musique ? Quelles ouvertures suscite l'amitié partagée en Eglise et en quoi est-elle une aide précieuse pour la mission elle-même ?
La chance de partir
La chance des premières années de notre mariage fut sans doute de partir. Oubliant les questions universitaires qui occupaient alors nos esprits, nous avons embarqué pour cinq ans en terre brésilienne.
Embarquer, c'est accepter la lenteur du passage, contempler le ciel qui change et guetter l'apparition de constellations nouvelles, c'est se reposer et se rendre disponible à la rencontre. « Dieu était là, et je ne le savais pas », dit Jacob. Alors que notre projet était de l'ordre d'une collaboration technique, il s'est révélé profondément modifié par la connaissance, sur ce bateau, de prêtres missionnaires français. Un nouveau réseau d'amis est né de cette rencontre.
Peut-on parler à ce propos d'une forme d'Eglise ? Je suis prête à le penser dans la mesure où les moments partagés, ponctuels mais réguliers, étaient très colorés par la mission de ces prêtres et religieuses au service des plus pauvres. Que de découvertes pour nous ! Une sorte de renversement des valeurs s'opérait. Au cours de ces longues soirées tropicales, les rires et les chansons le disputaient aux moments -de réflexion sur ce que nous vivions ! Les uns dans un contexte rural économiquement très précaire, les autres en milieu urbain favorisé et cherchant à développer les technologies les plus avancées.
Dans cette mise en commun et cette écoute réciproque, nous avions le sentiment d'une véritable parenté culturelle et intellectuelle, et pourtant nos choix de vie étaient très éloignés. Distance et proximité favorables à l'éclosion d'un dialogue authentique qui autorise, dans la pudeur et la confiance, l'expression des forces et des faiblesses, l'attestation du fondement. La relation avec nos compatriotes évoluait rapidement ; de sy...
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