S’ aventurer à poser quelques réflexions sur « l'amitié dans le corps de l'Eglise » quand on est femme, laïque et mariée est un peu risqué. Je tenterai cependant une approche, nécessairement limitée, à partir d'une expérience à la fois personnelle et conjugale.
A la relecture, il apparaît que l'amitié, telle que nous l'avons vécue — et continuons à la vivre — en couple et en Eglise, a participé de manière décisive, dans notre parcours, à un lent processus de maturation humaine et spirituelle. Quelles formes a-t-elle prises au long de notre chemin et comment a-t-elle contribué à cette construction ? Force est de constater que le chant de l'amitié retentit de façon singulière dans l'Eglise. Pourquoi ses accents, interprétés en apparence sur un mode mineur, s'avèrent-ils déterminants dans la ligne mélodique de l'ensemble ? La diversité de ses états de vie, la simplicité choisie de ses moeurs, la vérité qui préside aux échanges interpersonnels suffisent- ils à donner cette tonalité si particulière à sa musique ? Quelles ouvertures suscite l'amitié partagée en Eglise et en quoi est-elle une aide précieuse pour la mission elle-même ?

La chance de partir


La chance des premières années de notre mariage fut sans doute de partir. Oubliant les questions universitaires qui occupaient alors nos esprits, nous avons embarqué pour cinq ans en terre brésilienne.
Embarquer, c'est accepter la lenteur du