Depuis que le Verbe s’est incarné, il n’y a pas de lieu si profane qu’il ne puisse porter l’homme à une rencontre plus entière de son Créateur et Sauveur : l’accomplissement pascal du Christ ouvre tous les espaces à une visibilité des œuvres du Père offertes en partage à tous les croyants.

Il n’y a pas non plus de lieu intérieur libre de tout soupçon de « fable mystique » ; l’esprit du monde et son imaginaire de toute-puissance hantent aussi bien les traversées de l’homme au cœur des villes que les incursions de son âme dans les espaces les plus retranchés de sa vie spirituelle. C’est pourquoi nous nous proposons de voir comment des lieux bien réels peuvent aider, par leur symbolique géographique et sociale, chacun des passants et des habitants que nous sommes à vivre en bonne entente avec le Dieu de la paix et de la vérité amoureuse de notre prochain.
 

La poétique des paysages

Chacun obéit à une logique de perception des paysages qui lui est propre, mais on peut cependant tracer quelques lieux communs du sentiment géographique qui apaise et vivifie. Pour beaucoup, le repos participera d’une mise en œuvre de l’espace à travers une transformation d’échelle : l’espace se double d’une activité symbolique en devenant un site à part, une miniature de la nature ou sa dilatation.
Telle crique en bord de mer rassemble ainsi l’espace à la manière d’un concentré de tous ses caractères ; elle récapitule les différents éléments de la nature et les superpose l’un à l’autre avec simplicité : le minéral et l’aquatique, le souterrain et l’aérien, le terrestre et le céleste, le sculpté et le modelé, le convexe et le concave.
Face au même paysage, le mouvement impassible des vagues s’accordera aux accidents du temps devenus soudain inoffensifs : l’irrégularité du vent marin, ses rafales et les déclinaisons d’un soleil déplaçant à loisir ombres et lumières souligneront l’immuabilité d’un horizon de falaises, de rocs et de granit. Ainsi le temps rythme l’espace dans l’assurance qu’un ordre caché orchestre en filigrane la vérité d’un lieu, sa capacité à faire naître une parole en celui qui le goûte et le contemple.
De même, les péninsules, les grandes baies et les golfes inaugurent pour le marcheur étonné un agrandissement de l’espace qui unit le haut et le bas, le lointain et le proche, le mobile et l’immobile. Si les paysages de montagne