Ed. et trad. H. Benoît. Paroisse et famille, 1998, 182 p., 129 F.

Bienvenue est cette nouvelle traduction des lettres de l'éminent bénédictin anglais. On sait qu'il prit une part active au débat sur la mystique qui passionna le premier tiers de notre siècle, autour de Saudreau, Bremond, Maritain, nombre de jésuites et de dominicains, entre autres. L'écho des disputes autour du passage de la « méditation » à la « contemplation », de l'« acquis » et de l'« infus », du caractère « surnaturel » ou non, exceptionnel ou non, de l'expérience mystique (couramment appelée « contemplation »), est évidemment constant dans ces lettres qui ne sont pas adressées à des débutants dans la vie spirituelle
Mais il n'est pas nécessaire d'être fort avancé dans ces voies pour goûter la clarté et la saveur de la doctrine qui s'exprime en ces pages rapides et nerveuses, arrachées à un emploi du temps chargé. Dans la ligne de Jean de la Croix, médité à la lumière de François de Sales, Fénelon et Caussade, Chapman monnaie une « mystique de la volonté », comme disait Varillon II appelle inlassablement à ne pas se laisser décourager par la sécheresse, les distractions, l'absence de « goût » ou de « sentiment ». Dieu est toujours au-delà. C'est dans la « fine pointe de l'âme », dans la « partie supérieure » de la volonté, au-delà du « senti », qu'il est présent et agit. « Je crois parce que je veux croire » . le témoignage de Thérèse de Lisieux, dans la nuit où elle passa les dix-huit derniers mois de sa vie, est invoqué. Sans cesse l'humour et le pragmatisme (un sens du concret qui donne parfois dans le psychologisme) colorent ce que le propos, classique, a de vertigineux.
La précédente traduction datait de 1947. Celle-ci est enrichie de quelques lettres supplémentaires (notamment la lettre 43, fort révélatrice) et de précieuses annotations.