Préf. T. King et M. Wood Gilbert. Trad. É. de la Herronière. Postf. G. Martelet. Lessius, coll. « Au singulier », 2009, 444 p., 29,50 euros.
 
Cette correspondance témoigne d’une relation de haute tenue entre Teilhard et une artiste américaine, sculpteur. Cette relation commencée à Pékin en 1929, s’est poursuivie, plus apaisée, jusqu’à la mort de Teilhard au printemps 1955. On sait combien la rencontre avec des femmes (sa cousine Marguerite Teilhard-Chambon, Léontine Zanta, Ida Treat, Rhoda de Terra) fut pour Teilhard un chemin d’incarnation qui le garda d’une spiritualité abstraite. « Rien ne s’est développé en moi que sous un regard et sous une influence de femme », écrit-il en 1950 dans son autobiographie.
Comme en témoigne l’échange épis­tolaire publié aux États-Unis en 1993, et dont la traduction nous est donnée dans le présent volume augmentée d’une postface de Gustave Martelet, cette relation avec Lucile Swan fut vécue dans un constant souci d’« aider les âmes », selon la formule de saint Ignace. Comme toute relation vraie, celle-ci fut mar­quée de découvertes admiratives, mais également d’incompréhensions et de déceptions surmontées, signes d’une véritable vie dans l’esprit. « L’esprit – le vrai, si différent de l’“abstraction” – est la plus consistante des réalités, pour peu que nous essayons de bâtir sur lui », écrit Teilhard à sa correspondante en août 1938.
Aucune ambiguïté n’affleure dans cette relation exigeante, parfois doulou­reuse. Ce lien fut, pour Teilhard, un de ces lieux où transparaissait la proximité de Dieu. Cette correspondance, enrichie de témoignages, d’index et de docu­ments photographiques, fait honneur aux éditions Lessius qui en assument, avec leur probité coutumière, les risques économiques.