Fidélité, coll. « Spiritualité ignatienne », 2010, 112 p., 11,95 euros.
 
Sous un volume restreint, voici une excellente présentation de la spiritualité jésuite, c’est-à-dire de la spiritualité ignatienne telle que la Compagnie de Jésus la propose à ses membres. C’est une spiritualité de tensions, de tensions créatrices entre des pôles opposés qui se dynamisent mutuellement sans sacri­fier ni privilégier aucun des deux côtés. Les auteurs en recensent sept dont la plupart se situent dans la pratique des voeux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté, telle par exemple la tension entre obéissance et apprentissage par l’expérience personnelle, ou la tension entre le centre et la périphérie de l’Église. Mais la plus fondamentale est sans doute celle qui existe entre la confiance en Dieu et l’usage de nos talents.
Un chapitre liminaire décrit la ma­nière dont saint Ignace a reconnu et assumé ces tensions dans son expé­rience personnelle. Tout au long des chapitres suivants sont évoqués des évé­nements et des figures de l’histoire de la Compagnie qui font voir ces tensions à l’oeuvre et qui situent avec franchise un certain nombre de dérapages. On a ainsi une vue concrète de la spiritualité jésuite vécue au cours des siècles. Les auteurs, responsables du Troisième An aux États-Unis, ont le mérite de ne pas s’enfermer dans le contexte américain et le courage d’aborder sereinement certaines crises récentes de l’histoire jésuite (pauvreté de l’oraison au XIXe siècle jusqu’au début du XXe, etc.).Tout n’est pas dit en cent deux pages, mais l’essentiel y est et cela sonne juste.