Parmi les écrits de Jean Chrysostome (vers 349 – 407), les lettres d'exil constituent certainement l'un des recueils les plus touchants. Ailleurs, cette grande figure du christianisme ancien (successivement prêtre à Antioche et évêque de Constantinople) se montre prédicateur brillant, exégète plein de finesse, théologien soucieux de professer la foi commune de l'Église. Ici, Jean se montre sous un visage plus personnel, plus doux, plus humble. Envoyé en exil, il reste en effet en contact avec sa communauté, et tout particulièrement avec la chrétienne Olympias, riche veuve qui avait consacré à l'Église l'ensemble de sa fortune et de son énergie. Les quinze lettres ici présentées, qui vont du billet de quelques lignes au véritable traité spirituel, dévoilent la tendresse qui unissait l'évêque et sa collaboratrice, sans voiler la douleur que représentait pour l'un et l'autre l'éloignement physique. Pour réconforter sa correspondante, Jean déploie une argumentation avant tout scripturaire, en ce qu'elle puise largement dans l'Écriture ses images et ses exemples, nous offrant au passage une très belle illustration de l'exégèse spirituelle des Pères de l'Église.

On notera toutefois que ces lettres étaient déjà accessibles au public à travers l'édition des « Sources chrétiennes » (Cerf, 1976) : certes, on saura gré aux éditions Bayard d'en proposer le recueil à un prix plus abordable. Mais aurait-il été plus simple de reprendre la belle traduction d'Anne-Maie Malingrey, et d'assumer ainsi plus clairement la dette de cette nouvelle édition à l'égard d'un tel travail.