Il est de la dernière impertinence de donner des conseils à ceux et celles qui s'en vont faire retraite. N'y vont-ils pas poussés par l'Esprit saint ? Comment prétendre mêler ses recommandations à ce souffle-là ? Il est vrai qu'on peut se tromper et donner le nom d'Esprit à la fatigue, au rêve douteux, à la funeste envie de bien faire, à l'obligation mollement consentie. Et à d'autres misères.

N'empêche : donner des conseils, en général et plus encore ici, est une entreprise désespérée. On voudra donc bien n'en retenir que ce qui plaît. Au besoin, on en prendra résolument le contre-pied. À chacun sa grâce !

Oubliez tout

Si vous vous écartez du train du monde et des choses ordinaires de la vie, ce n'est pas pour amener, au lieu de retrait, votre agenda (c'est-à-dire, littéralement, « les choses à faire »). Ni vos soucis. Ni vos regrets. Désencombrez. Soyez vide. Pas seulement des préoccupations temporelles, mais des spirituelles aussi. Ne soyez pas pré-occupé, c'est-à-dire occupé par avance. Laissez même à la porte votre désir de faire une bonne retraite : rien n'est plus encombrant. Ainsi peut-être y aura-t-il quelque chose de neuf. Mais peut-on oublier ? Ne faut-il pas faire retour sur soi ? Ne faut-il pas porter sur ses épaules le poids du monde ? Ne faut-il pas se ressouvenir de Dieu et de Jésus Christ ?

Toutefois, il se pourrait que le chemin de la grande mémoire soit l'oubli. Cessez de ranger votre