Cet ouvrage collectif, promu par l'ONG « Projet Aladin » et publié sous le patronage de l'Unesco, vise à fournir « un outil de formation au service de la paix » (p. 9). Il est destiné en priorité aux théologiens, rabbins, imams, pasteurs, prêtres. Le livre peut cependant s'adresser à un public plus large, désireux de « connaître la religion de l'autre ».

Le titre indique clairement l'objectif de l'ouvrage : faire découvrir le judaïsme, le christianisme et l'islam dans leur spécificité, dans leur unicité. Le parti pris est celui de la reconnaissance de la différence, différence qui n'annihile pas la rencontre mais qui, au contraire, permet que celle-ci se réalise dans le respect de l'identité de chacun. Connaître la religion de l'autre est un fondamental de l'éducation à une culture de la paix et du dialogue. À ce titre, le projet est particulièrement louable. Il n'est toutefois pas sûr que tous les fidèles se reconnaissent toujours dans la présentation qui est faite de leur propre religion.

Les trois contributions, rédigées chacune par un représentant de la religion concernée, allient perspective doctrinale et perspective culturelle. Connaître la religion de l'autre, ce n'est pas seulement connaître ses textes sacrés, le contenu théologique de la révélation reçue, mais aussi entrer dans l'histoire de croyants, dans leurs rites, dans leurs pratiques éthiques. L'on notera que la part plus ou moins importante accordée, selon les différentes religions, à telle ou telle dimension est révélatrice de leurs spécificités.

L'on perçoit, dans les trois exposés, un fil directeur : comment penser ensemble universalité et pluralité ? Le grand rabbin Alexis Blum définit ainsi le judaïsme comme un « monothéisme éthique et universaliste » (p. 18). Le judaïsme n'est pas une religion « universelle », en ce sens que ses « règles » seraient « destinées à être appliquées par tous les hommes », mais « universaliste » car elle « veut le salut de tous les hommes » (pp. 18-19). De son côté, Mgr Claude Dagens, conscient du poids des blessures causées par un christianisme offensif, invite à une guérison des mémoires et propose une « conversion à un universalisme concret » (p. 201) qui passe par une volonté commune des religions de se « situer […] sur le terrain de notre humanité commune et de penser Dieu comme celui qui s'ouvre à cette humanité commune » (p. 203). Il souligne en particulier comment « l'ouverture à l'universel » (p. 203) est au cœur de la foi chrétienne. Enfin, le Dr Waleed El-Ansary rappelle qu'il est « naturel de préférer sa foi » mais que, pour le Coran, le salut dépend « de la foi et du comportement noble de chacun, à l'image d'Abraham » (p. 302).