Le trac, il est toujours là, même au seuil d'une retraite ou d'une session « rodée ». Sa disparition, maintenant, m'alerterait : signe que la routine s'installe, que je pense désormais savoir faire, qu'inconsciemment je crois maîtriser l'inconnu, oublieux de l'aventure nouvelle qui va s'ouvrir ? Le trac est plus intense lors de retraites lourdes de décisions, impliquant un accompagnement plus intensif, ou prolongé. Mais il n'y a pas de rencontre sans enjeu : les entretiens épisodiques, la conversation isolée, requièrent sans doute davantage du côté de l'écoute ; même importance, en tout cas, du premier abord, des premiers mots entendus (ou mal entendus), des premières impressions. Cette personne qui se cramponne sur son siège, calée face à vous, tout cela est déjà porteur de sens ou de questions.

Donne-moi un cœur qui écoute

En y revenant par la suite, si l'écoute se fait difficile, je m'apercevrai que je n'y avais pas été assez attentif, que s'y disait déjà quelque chose qui maintenant s'impose. Appel, donc, au recueillement préalable pour accueillir l'étranger inconnu, autant que celui dont on s'est peu à peu approché pour dépasser peurs, insouciance, routine ou lassitude.