Sedes, coll. « Questions de littérature », 2000,126 p., 17 €.

L'esthétique théologique de Claudel qui, en adversaire résolu de l'esthétisme, constate l'impasse où s'est enfermé le symbolisme de Mallarmé, interroge le rapport entre l'art et la religion, réciprocité qui conjugue le Beau et le Vrai : est-il vrai que la beauté sauvera le monde ? Et de quelle beauté s'agit-il ? Pour Claudel, c'est celle de l'Incarnation où se lient nature et surnaturel et pour laquelle il convoque, comme références, la peinture hollandaise (art de l'intériorité de l'âme, de la réceptivité méditative) et la splendeur baroque (expression exubérante de la communion et de la puissance d'affirmation) : Ammus ici, et là, Anima.
Dans l'atelier de l'artisan Claudel, deux établis pour mettre à l'œuvre cette conviction chrétienne. Le théâtre, nourri de ses modèles antiques et shakespearien, irrigué de sève liturgique, théâtre du combat intérieur où rien n'est épargné de la complexité réelle de l'histoire humaine, sert une apologétique du salut ; il donne à voir la Communion des saints comme effet de l'Alliance L'exégèse biblique ensuite, dont le pivot est la figure christique — lecture allégorique qui donne le chiffre de l'histoire contemporaine cette dramatique divine dont la prophétie aura écrit le livret qui justifie l'invincible optimisme du chrétien Claudel. Lequel, à rebours d'une modernité avide et fière de ses ruptures, consacre en prêtre du Verbe l'unité et la continuité des héritages : unique est le texte du monde théâtre et poésie fondés sur le socle biblique en donnent une exégèse jubilatoire, puisqu'un Autre y est présent.