Après avoir publié un premier recueil de poèmes (À taire et à planter, DDB, 2010), Benoît Vermander, jésuite, auteur régulier deChristus, a écrit Chose promise par nécessité, confronté à une nuit radicale dont la poésie seule peut témoigner, ne fût-ce qu’en « balbutiant » (Jean de la Croix). Il faut d’ailleurs savoir gré à ce disciple de Pierre Teilhard de Chardin et d’Yves Raguin d’avoir tenu la relation de cette expérience sans faux-semblant : voilà, c’est le moment ou jamais de me déposséder des langages appris jusqu’alors (religieux, savant, politique, etc.), de savoir de quelle promesse j’ai vécu et de quelle foi je vais pouvoir vivre désormais ; et si tout cela tient debout, je tenterai de dire le monde dans son unité, de l’unifier par le verbe qui m’a été donné.

S’ensuit un long combat, non dans le désert, mais dans un lieu beaucoup plus en adéquation avec notre univers soumis aux flux les plus épars : l’élément liquide. Écoulements goutte à goutte, par vagues ou en cascade : temps réels ou imaginaires, espaces concrets ou rêvés. D’où, lentement, émerge la présence du Christ que le poète confronte à l’immanence de la nature. Et, insensiblement, se réconcilient en lui-même le monde et le Crucifié, à la lumière de la Résurrection.

Ainsi, promesse aura été tenue, au-delà de toute espérance ; ce qui donne lieu, en finale, à de magnifiques témoignages de reconnaissance, puis, le calme revenu, à la contemplation de « lieux composés », quotidiens, entre terre et ciel, ville et montagne, face au soleil et devant l’arbre de vie.

 

Yves Roullière