Les institutions, quelles qu'elles soient, ont besoin de temps à autre d'un liftinag, disons d'un aggiomamento, pour perdre leur mauvaise graisse, rafraîchir la mémoire de leur origine et se réajuster à l'époque Mais parce qu'elles sont par essence du côté de l'ordre et de la conservation, de la régulation et de l'arbitrage, il faut bien admettre qu'elles paraîtront toujours vieilles au regard de la jeunesse d'initiative, de la force de protestation et de la joyeuse indépendance des individus.
Le problème, c'est qu'en régime de postmodernité l'individu est devenu l'institution dominante, je veux dire la norme et la finalité de toutes choses. Inutile de revenir ici sur les conséquences de ce tout-individu : dés-institutionnalisation de la religion, dérégulation des croyances, pratique consumériste de la spiritualité, crise de la tradition et de l'autorité qui l'incarne... Ce phénomène massif auquel participe l'effondrement démographique non seulement du clergé, mais aussi des communautés chrétiennes, accentue l'impression de vieillissement de l'Église Après le « coup de jeune » de Vatican II, « la vieille Dame est passée directement du printemps à l'hiver », comme dit Jacques-Yves Bellay. Oh, elle ne manque pas de courage dans les intempéries, mais comme elle paraît chétive tout à coup, dépouillée qu'elle est de son prestige d'antan, fatiguée par les combats qu'elle a dû mener au long des siècles, tout juste encombrée d'un langage et d'un appareillage devenus obsolètes !
Et si la vieille Dame dont je parle n'était pas celle que l'on croit, non pas l'« Eglise » donc, mais ce qui dans l'Eglise appartient encore au vieux système religieux de l'Occident qui, selon la « quatrième hypothèse » de Maurice Bellet, n'en finit pas de mourir et qu'il serait vain de vouloir sauver ? L'Eglise porte le deuil du « christianisme » qu'elle avait engendré en faisant alliance avec une métaphysique que la modernité a définitivement minée. Mais, pour qui sait voir, se laisse deviner sous le voile du deuil son sourire originaire. Sous le masque de la mort tr...
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