Une nouvelle année commence, mais sa nouveauté sera imprégnée de ce qui a marqué l'année qui s'achève : les deux confinements. Au printemps, nous croyions en la floraison utopique du « monde d'après ». Depuis l'automne, le risque d'un effondrement de certains pans de l'économie se profile, notamment le commerce de proximité remplacé par l'e-commerce qui prospère à la faveur même du confinement. Le travail et la consommation à distance se répandent dans tous les domaines de la société, isolant chacun encore un peu plus, nous privant de l'élément indispensable à nos vies que constituent les relations gratuites et informelles du voisinage, la présence des collègues et même celle anonyme de la foule.

Par le manque, nous avons découvert qu'en plus de nos relations proches, toutes ces relations même lointaines et ponctuelles sont nécessaires à notre humanisation. Je deviens par la rencontre de l'autre, mais aussi par la cohabitation même anonyme avec lui. Ne plus avoir cette multitude de contacts éphémères nous isole, nous affaiblit, nous rend aussi vulnérables à la manipulation.

Cette situation conduit à poser un nouveau regard sur l'Évangile. L'aventure de Jésus se vit en lien étroit avec ses disciples, ses proches, ses opposants certes mais aussi avec la foule, toujours là, versatile, émouvante, violente, atterrée mais aussi remplie d'espoir. Redécouvrons le regard d'amour que Jésus ne cesse de porter sur elle. Il l'accueille, la nourrit, pleure sur elle, l'invective, lui fait face. Sachons nous aussi en faire partie, la contempler, contribuer à ce qu'elle devienne un peuple de personnes capables de tisser des liens. Là aussi se trouve un des chemins pour devenir frère de tous. En cette année, sachons être cette Église en sortie, au plus près, au plus simple, dans les rencontres de quartier, les fêtes, les rassemblements… Il y va de la vie de chacun de nous.