Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? Ou plutôt, que faisiez-vous lorsque vous avez appris la nouvelle ? Je gage que la plupart d'entre nous peuvent répondre à cette question. Tout comme les lecteurs de plus de quarante-cinq ans se souviennent de l'annonce de l'assassinat du Président Kennedy à Dallas. Je me rappelle la tristesse de mon père, lorsqu'il a raconté l'événement à son fils de six ans, dans la buanderie, face aux goyaviers à l'arrière de la maison que nous habitions alors en Afrique.

Quand des vies s'éveillent


Dans son dernier film, Land of plenty (Terre d'abondance), le réalisateur allemand Wim Wenders raconte l'Amérique de l'après 11 septembre à travers la rencontre improbable d'Henry, un vétéran du Vietnam, et de sa nièce Lana, un an après la chute des Tours. Lana, la disciple du Christ, a une vingtaine d'années, elle vient de quitter son ami juif pacifiste et son père missionnaire en Terre sainte. Elle rentre en Amérique qu'elle connaît si peu, après le périple missionnaire de sa famille en Afrique et en Terre sainte. Sa mère décédée voulait que sa fille retrouve son oncle Henry. Ce dernier, un vrai paranoïaque, s'est donné une mission : assurer la sécurité de l'Amérique avec ses amis, ses vieilles camionnettes équipées d'équipements électroniques assez hasardeux et ses analyses de l'eau des rivières. Les rêves terrifiants du Vietnam ont envahi à nouveau le sommeil d'Henry. Et Lana veut comprendre pourquoi des Palestiniens, des gens normaux, ordinaires, ont une telle haine de l'Amérique pour qu'ils aient ainsi exulté et dansé de joie devant son domicile le 12 septembre au matin. Pourquoi l'Amérique n'est-elle plus la Terre promise de naguère, chantée par les gospels et Léonard Cohen ?
Qu'ont éveillé, suscité dans le monde les événements du 11 septembre ? Et qu'ont-ils provoqué en nous, au plus intime, dans le lieu où nous croyons et espérons en Dieu, le maître de la vie et de la destinée du monde ?
Racontons un autre événement, mis en valeur cette fois par une fresque historique. L'écrivain autrichien, Stefan Zweig raconte une heure décisive dans la vie de Tolstoï 1. Depuis des années,