Presses de la Renaissance, 2008, 250 p., 17 euros.
L’avant-propos de l’ouvrage sonne comme une profession de foi. Dans un monde en feu, aujourd’hui comme hier, ce livre est celui d’un croyant à qui l’on ne peut ôter la joie et l’espérance. Entre l’essai et la méditation, Dominique Ponnau, historien de l’art réputé, ex­prime sa gratitude, qui n’est ni le merci ni la reconnaissance, pour recueillir souvenirs et témoignages de rencontres, d’échanges, de partages.
Certains chapitres proposent une réflexion sur l’apprentissage du dessai­sissement, l’adoration, l’eucharistie, le sourire ou les larmes, ou sur des lectures comme la parabole du fils prodigue, l’épi­sode de la tempête apaisée ou l’aventure de Jonas. Mais c’est lorsqu’elle porte sur un tableau que cette méditation touche le plus. Ainsi du Diogène de Poussin, du Christ de Maurice Denis ou de la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne et quatre saints de Pontormo, dans lequel le bon larron auquel sourit l’Enfant est « pardonné pour toujours ». À la conscience inquiète d’un monde douloureux, ces moments offrent de respirer, s’il est vrai que la « beauté de l’art » est « à cette désespé­rance » un « puissant remède ».
En filigrane, affleure le désir de trans­mettre dans un monde blessé un peu de l’amour de la beauté, d’éveiller des regards tentés d’être déjà lassés. Et si la figure de l’enfant porte au fond ce livre, c’est que la gratitude a quelque chose à voir avec l’esprit d’enfance, qui permet de rendre grâces, même des blessures, lorsque la souffrance qui demeure n’a « pas aigri le coeur ».