Sa disponibilité et sa connaissance très fine de la théologie ne cessèrent de le conduire, souvent à la demande du pape, d’un bout à l’autre de l’Europe alors en profond conflit religieux et politique. Il développa ainsi une sorte de « mystique de l’itinérance » dont il donne des échos très concrets et stimulants pour le lecteur d’aujourd’hui dans son journal spirituel,  le « Mémorial » édité par M. de Certeau (Christus-DDB, vol. 4, 1960). Ses longs voyages deviennent de véritables « évènements spirituels », des occasions de contemplation et de discernement  liées à ses rencontres, qui façonnent chez ce compagnon si désireux d’ouverture et de dialogue avec tous, une écoute et une disponibilité intérieures toujours plus larges, plus simples et bénéfiques :
 

« En route, tu reçus de grandes consolations dans l’oraison et la contemplation ; tout en cheminant, il te venait en grand nombre des méthodes nouvelles et de nouveaux sujets de prière. Ainsi, en arrivant quelque part, en voyant les lieux ou en écoutant ce qu’on en disait, tu appris à solliciter de notre Seigneur sa grâce… pour que Jésus-Christ, le gardien et le pasteur véritable demeurant dans l’église de ce lieu, nous vînt en aide et prît un soin spécial de ce qui était nécessaire et profitable à tous, aux pécheurs qui allaient mourir, aux âmes des défunts, à ceux qui étaient dans la désolation ou traversaient quelque épreuve. Il me venait bien des manières de prier pour l’accroissement des richesses, ou encore de rendre grâces pour leurs propriétaires, ou de demander pardon pour eux, car, spirituellement, ils ne savent pas reconnaître ce que sont ces richesses et la main d’où elles viennent… » (Bienheureux Pierre Favre, Mémorial, Christus-DDB, p. 124).
 

Une des images les plus suggestives du Mémorial est celle d’un arbre à l ‘envers dont les racines  sont plantées dans le ciel alors que les fruits sont à notre portée immédiate. Pierre Favre nous invite là à ne pas nous arrêter aux fruits mais de remonter à la racine pour accompagner le mouvement et le travail secret de Dieu qui donne mystérieusement vie et goût au meilleur de l’action des hommes.

Dans l’entretien qu’il a donné récemment aux revues jésuites, le pape François s’attarde sur la figure de Pierre Favre : « Le dialogue avec tous, même avec les plus lointains et les adversaires de la Compagnie ; la piété simple, une certaine ingénuité peut-être, la disponibilité immédiate, son discernement intérieur attentif, le fait d’être un homme de grandes et fortes décisions, capable ne même temps d’être si doux… » (L’Eglise que j’espère, p. 42).

Cette canonisation est une très grande joie pour tous ceux, toutes celles qui cherchent à suivre le Christ de plus près en s’inspirant comme Pierre Favre de la spiritualité ignatienne.
 

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