Au cœur de l’été le dimanche 22 juillet, nous entendrons à la messe le récit du retour de mission des apôtres en Marc 6, 30-34. La foule est si grande, raconte l’évangéliste, que les apôtres n’avaient même pas le temps de se nourrir. Rien de bien anormale : ce détail nous rappelle à l’urgence de la mission et à notre devoir d’être tout aux autres. Apporter la parole qui sauve, le geste qui guérit et agir ainsi au nom de Jésus, tout cela prime sur le bien-être du missionnaire et sur son repos. C’est du moins l’interprétation que l’on peut faire de ce texte, et aussi de bien des récits de vie des saintes et des saints qui se sont donnés sans compter pour œuvrer à la charité. Sans que ce soit tout à fait conscient ou même voulu, il peut y avoir une injonction cachée derrière le bel appel à suivre le Seigneur adressé aux chrétiens de bonne volonté : donnez-vous sans répit jusqu’à l’oubli de vous-mêmes ! Ce qui conduit parfois ceux d’entre eux qui aspirent au repos, à nourrir un diffus sentiment de culpabilité enraciné dans l’idée que celui qui ménage son temps et sa monture n’est pas un très bon disciple du Christ ! Or, à cet égard il est bon de s’attarder sur le récit de Marc dont l’insistance porte avant tout sur les paroles de Jésus à ses amis « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu » et sur le fait que ces derniers ont obéi « Ils partirent donc dans la barque vers un lieu désert à l’écart ». Il est clair ici que malgré la soif pressante de la foule, le souci premier de Jésus c’est que ses amis commencent par se reposer ! Ils n’ont pas chômé jusque-là, ils se remettront à la tâche ultérieurement, mais maintenant, c’est l’heure du repos. Jésus, prend alors le relais et s’occupe des foules pour « les enseigner longuement » ; même si le récit n’en dit rien, on imagine assez bien que les apôtres ont profité du long répit accordé par le maître pour se sustenter de quelques pains agrémentés de poissons… et pour faire une petite sieste qui sait ?

Mais, l’histoire ne s’arrête pas là ! Car un peu plus tard, une fois les disciples revenus, Jésus décide de nourrir tous ceux qui sont resté l’écouter. Il se tourne alors vers ses amis qui lui fournissent cinq pains et deux poissons : très probablement les restes de leur propre repas ! Le miracle le plus grand n’est-il pas finalement que c’est avec le fruit du repos de ses amis que Jésus a nourri la foule ? Bienheureuse sieste qui a fourni les vivres pour le bienfait de la multitude…

En ces mois d’été, apprenons donc à prendre soin de nous et à nous reposer vraiment car avec le fruit même de nos siestes, nos « restes », Jésus fait des miracles !