J’ai l'habitude de raconter cette histoire : un juif va pour la première fois en Israël. Il arrive à l'aéroport de Lod-Tel-Aviv, prend un taxi et dit : « Ça ne vous dérangerait pas de m'amener... Vous savez, là où il y a un mur... Où tout le monde pleure ?... » Et le taxi l'amène à l'Hôtel des Impôts ! Moralité : il faut savoir de quoi l'on parle quand on parle pour bien se comprendre !
A mon sens, plus que jamais, le dialogue interreligieux est d'une urgence capitale. Certes, il a existé des hauts moments de rencontres interculturelles comme à Cordoue au Moyen-Age ; c'est vrai qu'il y a eu, à toutes les époques, des hommes et des femmes de bonne volonté qui ont dialogué ; mais l'urgence vient de ce que nous savons aujourd'hui, comme disait Valéry, que « nous sommes mortels » Le siècle qui s'achève a montré jusqu'où la dictature et la barbane pouvaient aller, et le religieux n'est pas à l'abri de ces passions destructrices, bien au contraire, malheureusement Je crois que nous pouvons faire sauter sept fois notre petite planète que l'on essaye de garder bleue


Le temps théologique


Nous pouvons distinguer deux temps dans l'histoire des religions La première, celle de la naissance des structures religieuses, je la nomme le temps théologique Ce temps est celui durant lequel les religions se construisent Et lorsqu'elles se construisent, elles le font en gênerai en repli sur elles-mêmes, afin d'affirmer leur identité, leurs dogmes, leur foi, leurs rites, et, en même temps, afin de donner une cohérence sociale a leurs fidèles A ce stade, quand les religions apparaissent, elles se construisent contre les autres Cela est aussi vrai dans la tradition d'Israël Lorsque Moïse s'adresse à sa génération, à celle qui va entrer sur la Terre promise, il proclame « Surtout pas d'alliance avec les Cananéens ' » C'est vrai que ces derniers avaient des pratiques immorales, comme la prostitution sacrée, les sacrifices d'enfants A ce stade, Moïse n'envisage donc aucun compromis De même, l'Eglise ou la Mosquée, quand elles en eurent les moyens, exercèrent sur les « infidèles » un pouvoir coercitif « La croix ou la mort », « Le croissant ou la mort »
Dans ce temps theologique, la conquête de l'espace va de pair avec une intransigeance religieuse A ce stade, l'interreligieux, connais pas ' Mais l'on s'aperçoit très vite qu'au sein d'une même religion les tensions commencent a fragiliser le monolithisme de l'institution Et, très vite, il y a des divergences Dans la communauté juive, surtout après l'Emancipation du XVIII’ siècle, les orthodoxes, les libéraux, les consistoriaux s'opposent plus ou moins violemment Derrière ces querelles de clochers se cachent des visions culturelles différentes De même pour le christianisme avec le catholicisme, le protestantisme ou l'Eglise orthodoxe , de même dans l'islam avec les chutes ou les sunnites
On peut expliquer ce phénomène en disant simplement que les hommes ne sont pas faits du même moule Un midrash enseigne « De la même manié re que les visages sont différents, les pensées sont différentes » Dieu aurait pu fabriquer l'homme sur le même moule, un peu comme un artisan qui fabrique une monnaie ou un vase en utilisant une même forme, et ce serait toujours le même visage qui apparaîtrait Mais ce n'est pas ce qui se passe nous avons des visages différents Bien que ces visages possèdent tous deux oreilles, deux yeux, un nez, une bouche, les différences existent J'ai lu que deux êtres humains n'avaient jamais les mêmes empreintes digitales, et pourtant c'est le même ADN La divergence est le propre de l'homme, de toute société humaine, et également des religions


Le temps éthique


Après ce temps théologique où la foi se construit vient ce que j'appelle le temps éthique, qui est le temps de la rencontre avec les autres. Nous sommes, il me semble, dans ce temps éthique, parce que nous sommes, en Occident et surtout en France, dans un espace de dialogue possible, espace de rencontre que nous avons hérité de la Révolution. Pour ma part, c'est une bénédiction. Bien sûr, on peut dire que, sur un plan strictement religieux, le siècle des Lumières fut un siècle contre Dieu : on voulait s'approprier le nom de Dieu ; on voulait donner le nom de Dieu aux institutions ; on voulait marquer la déclaration des droits de l'Homme sur des tables de pierre qui pouvaient rappeler les tables de Moïse en mettant : « Au nom du dieu Raison. » Il y a eu de ce point de vue une sorte d'usurpation. Cela me fait penser au roi de Babel, Nemrod, qui, chaque fois qu'il construisait un étage de la tour de Babel, jetait une flèche vers le ciel pour dire : « Nous prenons une part du ciel supplémentaire. » Certains croyants ont vu la Révolution comme une révolte contre Dieu. Personnellement, je suis plus nuancé. Je crois que la critique des Lumières portait davantage sur le pouvoir religieux comme instrument de domination que contre Dieu Lui-même. Au fond, c'est grâce à ce siècle des Lumières que la démocratie existe et permet justement à toutes les cultures religieuses, à toutes les fois, de s'exprimer. Bien sûr, la démocratie possède ses propres failles, mais la critique est toujours possible et n'est pas condamnable, tant qu'elle respecte l'ordre public.
Il reste certain que, par le libéralisme, nous avançons de plus en plus vers un monde où les frontières sont — en tout cas en Occident — pratiquement inexistantes : on peut passer d'un pays à l'autre sans montrer sa carte d'identité, aller en Belgique, en Allemagne, sans se rendre compte qu'on a changé de pays. Les frontières n'existent que lorsqu'il y a des guerres. Et c'est pourquoi, au Proche-Orient, entre juifs et musulmans, entre Israéliens et Palestiniens, les frontières sont importantes parce que, malheureusement, nous ne sommes pas encore dans le temps éthique. Mais, dans les temps de paix, les frontières n'existent plus : elles ne sont pas nécessaires, puisqu'il y a des échanges, des rencontres.
En Occident, nous sommes dans ce temps propice, surtout après les grandes catastrophes de notre siècle passé : les grandes dictatures, les goulags, la Shoah, Hiroshima, etc., propice pour dialoguer, c'est-à-dire, selon l'étymologie dia-logos, « avancer vers la vérité ». Il est indéniable que les religions ont une place importante à jouer dans la construction de cette humanité, pas seulement en Occident mais également en Orient, là où il y a encore tant de tensions religieuses.
Car il faut avouer que le religieux, surtout nos monothéismes, alimente la passion. On n'est pas toujours zen dans les religions du Livre. On est loin d'être zen parce qu'il s'agit aussi de porter un message. C'est vrai si on les compare avec le bouddhisme ou avec des religions extrême-orientales où ce qui est important, c'est de sortir du cycle des réincarnations. S'il faut quitter la souffrance, alors il faut être en position zen et essayer d'acquérir cette plénitude et cette paix intérieure qui est si importante. Certes, nous avons aussi nos grands mystiques, les kabbalistes, les mystiques chrétiens ou les soufis, qui sont des hommes de paix parce qu'ils sont des hommes de haute spiritualité. Mais, globalement, nos religions sont des religions à messages ; et, du fait qu'il y a message, il y a mouvement. Aussi, quand cette parole de Dieu nous habite, nous sommes si sûrs de nos vérités que nous sommes passionnés pour elles ; et au nom de ces vérités, eh bien, nous risquons d'écraser les autres en disant « Les autres sont dans l'erreur. » Le défi du dialogue interreligieux est de se dire . « Et si l'autre avait aussi une parcelle de vérité ? Si la vérité n'était pas seulement de mon côté, mais aussi dans l'église de l'autre, dans la synagogue de l'autre, dans la mosquée de l'autre ? » C'est cela, le temps éthique, c'est-à-dire le temps d'une certaine maturité, parce que nous nous rendons compte qu'après tous ces temps d'histoire, de guerres, de conflits, etc., ce qu'il reste, c'est un immense cimetière rempli d'hommes qui se sont faits la guerre ; ce qu'il reste, ce sont des parents qui pleurent leurs enfants parce qu'ils ont été tués. (je pense en particulier à ce qui se passe au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens : ces enfants qui meurent à droite et à gauche, c'est le même sang de couleur rouge, ce sont les mêmes mamans, les mêmes larmes, les mêmes pères, les mêmes folies...)
Que doivent essayer de faire aujourd'hui les religions, si ce n'est de dépassionner, ou, en tout cas, de trouver une autre passion qui ne sera plus celle de détruire, comme disait Eric Fromm, mais la passion de l'amour, la passion de la rencontre avec l'autre ? Et cette passion-là ne doit pas connaître de limites. Nous avons dans nos traditions bibliques, aussi bien Abraham, notre père commun, que Jésus, les figures de la paix. Et lorsque des hommes de bonne foi parlent de leur père fondateur, ils disent toujours : « Mais la religion, ce n'est pas la violence, ce n'est pas la négation de l'autre. La religion, c'est Salam, Shalom, Salut. C'est la paix » Et cette paix, bien sûr, nous prions pour elle. Mais dans la tradition juive, on sait que la prière ne suffit pas, que la prière a aussi besoin de l'acte des hommes pour pouvoir se réaliser.
Entre juifs et chrétiens, depuis la Shoah, il s'est passé beaucoup de choses. D'abord la création de l'Amitié judéo-chrétienne, et puis tous ces hommes et ces femmes de bonne volonté qui font bouger les choses depuis la base. Je soulignerai que c'est souvent la base qui est à l'origine de ces initiatives, de la création de ces associations. Les institutions sont souvent derrière, sans doute parce que les institutions sont là pour garantir le passé, garantir une mémoire, et certainement pas pour prendre des risques. Ceux qui prennent les risques, les éclaireurs, ce sont les hommes du terrain. Ainsi, il y a ceux qui garantissent la mémoire, les hommes de l'institution, et puis ceux qui prennent les devants du dialogue comme l'association Bereshit-Genèse, VAmitié judéo-chrétienne et tant d'autres qui font que ce dialogue est vraiment une réalité concrètedans nos villes, dans nos cités, que ce soit en France ou en Israël, et aussi entre Israéliens et Palestiniens, entre juifs, chrétiens et musulmans.


Dialoguer envers et contre tout !


Certes, ce dialogue est parfois difficile, il y a des ambiguïtés Je pense, dans notre dialogue judéo-chrétien, à ces béatifications qui posent problème pour la conscience juive. Parfois, la communauté juive se demande : « Mais pourquoi untel est-il devenu saint, alors que, par ailleurs, il a eu une conduite qui n'était pas forcément très saine ou très sainte ? » Mais disons que cela fait partie des enjeux et qu'il ne faut pas s'arrêter, de mon point de vue, à ces difficultés, parce qu'il faut accepter que marcher ensemble, c'est aussi se fragiliser (et l'on comprend que nos institutions n'aient pas trop envie de se fragiliser). J'en profite pour faire mon autocritique, c'est-à-dire la critique de ma propre communauté qui est parfois frileuse dans ce dialogue interreligieux. Il y a certains rabbins qui ont du mal à rencontrer leurs frères chrétiens, à répondre présents lorsqu'on les invite ; aussi fait-on toujours appel aux mêmes, c'est vrai !
Mais cinquante ans de dialogue, c'est encore peu de chose, si l'on regarde nos 2000 ans d'histoire (...) Je dirais tout d'abord que tout n'est pas fait, même au niveau des institutions : il y a encore beaucoup à faire ne serait-ce que faire en sorte que tous les prêtres des églises et tous les rabbins des synagogues se rencontrent. Et je dis souvent que les chrétiens, les catholiques en particulier (parce que les protestants ont déjà fait ce travail), sont très courageux. Parce que Vatican II, ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien de remettre en cause des traditions religieuses séculaires, de dire : « Non, le peuple juif n'est pas déicide. Il faut supprimer toute cette liturgie du Juif perfide, etc. » De repenser, du point de vue de la foi, en croyant Jésus, ce que représente Jésus- Christ pour la conscience chrétienne. De dire que la Première Alliance n'est pas caduque, que le peuple d'Israël participe de l'histoire du Salut. C'est quelque chose de courageux, de fondamental, qui retourne la foi du chrétien. Et je crois que le juif doit être humble vis-à-vis de ce courage.
Il est vrai que le juif n'est pas demandeur. Le juif étant le premier, il n'a besoin ni du chrétien, ni du musulman : il a sa propre foi. Mais je crois quand même qu'il faut que le juif soit vigilant par rapport à ce qui se passe autour de lui pour qu'il constate les grands pas réalisés par l'Eglise Et c'est vrai que le pape actuel est un pape du courage qui marquera les relations entre juifs et chrétiens, en tant qu'homme de dialogue. Vu de la Synagogue, il faut lui rendre hommage pour tout ce qu'il fait, en lui souhaitant une bonne santé, que l'Eternel le bénisse et qu'il puisse encore continuer à nous apporter cette espérance du dialogue.


Le christianisme est issu du judaïsme


Ce qui me paraît fondamental dans le dialogue judéo-chrétien, c'est que le christianisme, à l'origine, est une histoire juive. On le dit et on le répète : Jésus est né juif, il a vécu en juif, il est mort en juif. Et les premiers apôtres, majoritairement, étaient tous des enfants d'Israël qui mangeaient hacher, qui étaient circoncis, qui pratiquaient le Shabbat, et s'ils leur arrivaient de transgresser le Shabbat, alors Jésus apportait des arguments de type pharisien pour dire pourquoi ils l'avaient fait, à l'instar de David qui avait mangé le pain des prêtres, etc. Ce sont des raisonnements tout à fait juifs, tout à fait pharisiens Et puis, à un moment donné, il y a eu une rupture autour de la personnalité de Jésus et de ce qu'il représentait. La Synagogue n'a pas adhéré à la foi des Apôtres, qui, en même temps, reste quelque chose de fondamentalement juif. Je ne dis pas cela pour faire de la récupération, mais il me semble que l'Eglise, finalement, lorsque Jésus a demandé de porter la Bonne Parole, a joué la carte de {'universel en allant chez les nations, en apportant un message hébreu, un message qui a permis au monde de connaître Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, Israël via les Evangiles. De façon triviale, un Esquimau et un Suédois se préparent à la venue du Messie en écoutant des histoires sémites, qui ne sont pas des blagues juives.
Autrement dit, les premiers Apôtres, les premiers judéo-chrétiens, ont porté la dimension universelle d'Abraham au sein de l'humanité. (Dieu dit bien à Abraham : « Va vers la terre que je t'indiquerai... et seront bénies par toi toutes les familles de la terre. ») Quant à Israël es qualité, il n'a pas voulu ou n'a pas pu apporter ce message, et finalement s'est replié.


Le juif doit se « christianiser » et le chrétien se « judaïser »


C'est pourquoi il me paraît urgent que le juif (surtout le juif orthodoxe, celui de la Torah) se « christianise », c'est-à-dire qu'il redécouvre cette dimension de Vunwersel ; de même, il me paraît urgent que le chrétien se « judaise », c'est-à-dire qu'il fasse un retour aux sources de sa propre identité L'Eglise, en découvrant Israël, découvre quelque chose de l'ordre de sa foi : un peuple « mort » qui ressuscite, une langue « morte » qui ressuscite C'est là une typologie qui ne peut laisser insensible l'homme de l'Eglise. (...) Cette double influence, nous pouvons la réaliser ensemble sans syncrétisme ni esprit prosélyte, pour ne pas vivre dans l'indifférence. Bien sûr, vous trouverez toujours des fidèles pour vous lancer : « Chacun dans sa chapelle, et les poules seront bien gardées. » Mais, honnêtement, pouvons-nous vivre repliés sur nous-mêmes, sans courir les risques d'un communautarisme suspect ? Le repli sur soi-même est source d'intégrisme parce qu'il est source de méconnaissance, donc de mépris, donc de haine. Aujourd'hui, dans nos sociétés où nous pouvons communiquer à la vitesse de la lumière ou de l'électricité d'un point du globe à l'autre, il est vital de pouvoir dialoguer et de sortir de son indifférence et de son repli identitaire. Le dialogue éthique est le garant même de la réussite de notre société. A partir de là, on peut en effet envisager des rencontres positives. Etudions ensemble par des cercles d'étude pour redécouvrir nos textes (et c'est aussi bon pour les juifs, parce qu'ils ne connaissent pas toujours leur texte), en envisageant aussi d'étudier entre juifs et chrétiens la Deuxième Alliance. (...) Je crois qu'il est important, dans cette étape du dialogue, d'étudier aussi les Evangiles du point de vue juif. Pourquoi ? Parce que les juifs peuvent dire : « Oh, vous savez, Jésus a fait ceci ou cela ; mais moi, ça me rappelle ce qu'on fait à Pessah ; ça me rappelle ce qu'on fait à la Synagogue. » Et le chrétien répond : « Ah bon ? Alors, vous pouvez nous expliquer un peu plus son geste sa parole ?» En même temps, cela permet de tisser des liens encore plus forts (...).
Je pense aussi à des rencontres au niveau de la jeunesse. L'année dernière, nous avons organisé avec les Amitiés judéo-chrétiennes une rencontre entre jeunes juifs et jeunes chrétiens sur le thème du mariage mixte c'est-à-dire comment des jeunes aujourd'hui peuvent se rencontrer en affirmant leur identité. Alors je sais que certains disent : « Mais c'est dangereux de mettre des garçons et des filles ensemble etc. » Dans ce cadre il me semble que la foi est au contraire renforcée de part et d'autre non pas en affrontement, mais en dialogue. Il est important que nos jeunes, garçons et filles, puissent se rencontrer dans un cadre à eux, sans les parents, même si, à l'origine de l'initiative, il y a des adultes, des prêtres, des rabbins. Bien sûr, il faut bien préparer tout cela pour que ça ne s'étiole pas à droite et à gauche ; mais il me semble que c'est un défi à relever, et cela doit pouvoir se faire aussi avec de jeunes musulmans. Le dialogue interreligieux est aussi un acte citoyen, qui doit supprimer cette équation systématique : religion = intégrisme avec toujours cette image d'un rabbin ultra-orthodoxe, d'un curé en soutane d'un imam vociférant. Face à cela, on nous vante les nouvelles spiritualités libéralisantes et vivifiantes, où tout est zen. Sans nier la valeur de ces spiritualités, il me paraît urgent de dire que la religion, ce n'est pas le fanatisme (le fanatisme est une caricature terriblement grotesque de la religion), mais c'est l'éthique de l'humain, c'est la valeur de la responsabilité citoyenne, c'est l'anti-fanatisme : c'est être responsable vis-à-vis de l'autre et responsable au sein de la cité.


Le principe de responsabilité


Je terminerai par cette idée qui me paraît fondamentale et que je trouve très belle du philosophe et théologien Hans Jonas. Il a écrit plusieurs livres, dont Le concept de Dieu après Auschwitz, mais je pense surtout au Principe responsabilité. Ce principe de responsabilité, dit-il, est la prise de conscience que nous aurons des descendants La question est « Quel monde leur laisserons nous 7 » Au XIXe siècle, l'homme pensait dominer le monde Et au XX, nous avons percé la couche d'ozone, nous avons pollue nos océans et nos rivières et nous avons rendu nos vaches folles (Quand je pense qu'au début du siècle on pouvait se baigner dans la Marne ') Nous avons dégradé cette nature, nous avons été de mauvais gestionnaires Dieu a dit a Adam et Eve « Faites la conquête de la terre », mais dans le sens d'une gestion positive, pas pour détruire la nature ou pour nous rendre malades avec tout ce que nous mangeons Le principe de responsabilité, c'est d'agir en pensant a nos enfants et à nos petits-enfants Dans la Bible, il est dit a propos de la sortie d'Egypte « Afin que tu racontes à ton fils et à ton petit-fils comment Je me suis révélé dans le pays d'Egypte » C'est ce que nous faisons a travers ce dialogue construire une humanité plus fraternelle pour nos enfants et petits-enfants Ce sont des petits pas, mais nous sommes de plus en plus nombreux à les faire ( )
Je terminerai en paraphrasant Malraux qui aurait prononcé ( ) « Le XXI' siècle sera interreligieux ou ne sera pas » Après, j'ai pensé à une autre formule un peu dans le même sens « Le XXI’ siècle sera interreligieux ou nous ne serons plus ' » Voilà notre défi à relever