L’assemblage des deux termes du titre semble incompatible et conflictuel 1. Mais en quelques décennies, le paysage a changé dans la mesure où les protagonistes ont revu leurs positions. Si les torts sont partagés, c’est au bibliste de faire les premiers pas, car c’est la lecture de la Bible qui a créé le malentendu. En retour, il ose espérer que son interlocuteur acceptera d’engager cette « conversa­tion entre honnêtes gens », comme on disait au XVIIe siècle. Mais un vrai dialogue ne s’instaure que si l’on a bien identifié l’objet du contentieux.
 

Petite histoire d’un malentendu de plusieurs siècles


Si cette histoire se résume à une série de malentendus, c’est parce que les deux interlocuteurs ne parlent pas la même langue.

Des commencements harmonieux

Au début, règne un accord de principe, selon le postulat formulé par Origène et Augustin. La nature et la Bible ayant Dieu pour au­teur, il ne saurait y avoir de discordance entre ces deux livres. Dans le premier, écrit « en langage mathématique », selon l’expression de Galilée, on déchiffre les lois de l’univers ; dans le second, Dieu révèle son dessein.
Si l’on constate un désaccord entre les deux sur un point à propos duquel l’Écriture est muette, on s’en tiendra à cette règle énoncée par Augustin :
 
« Que m’importe en effet que le ciel enferme de tous côtés comme une sphère la terre en équilibre au milieu de la masse du monde ou qu’il recouvre comme un disque celle-ci par-dessus d’un seul côté ? Mais parce qu’il s’agit de la foi dans les Écritures et pour ce motif que j’ai souvent rappelé, [à savoir] lorsque quelqu’un qui ne comprend pas les paroles divines sur ce sujet trouve dans nos livres ou entend dire à partir d’eux ce qui lui semble s’opposer aux raisons qu’il a