Au milieu d’un grand jardin se dresse une vieille maison de l’époque ottomane, sorte de cube avec une avancée vers le nord, un porche surmonté par une pièce avec une coupole. Elle n’a plus tout à fait son aspect du XVIIIe siècle car son patio notamment a été fermé par une autre coupole. En outre, depuis sa terrasse, on distingue nettement deux toits en tuiles rouges du XIXe, anciennes dépendances de la maison. Le tout a été raccordé ensemble dans les années 1950 à 1970 par des terrasses plates, au moment où la maison a été donnée aux jésuites. On note encore un ensemble de garages et un puits creusé au XXIe siècle. Tout cela donne à la maison de Ben Smen un certain cachet : ses voûtes et son patio transportent aisément le visiteur en une époque révolue où il faisait bon vivre, dans la campagne (ou fash) d’Alger. Située sur les hauteurs, la maison est à la fois préservée de l’humidité de la mer et rafraîchie par la brise du large, ce qui fait que la vie y est beaucoup plus agréable qu’au centre-ville où la moiteur et l’absence de vent rendent l’atmosphère vite étouffante.

De fait, Ben Smen est donc ce qu’on appelle un « lieu source », un endroit où l’on peut reprendre souffle, se reposer, se ressourcer. Ce lieu a d’abord profité à une famille, qui y a aussi progressivement accueilli des camps scouts, jusqu’à un jour de 1946 où elle décida de la donner aux jésuites pour qu’ils en fassent