D’exceptionnelle il y a encore quelques années, la présence des nonagénaires et des centenaires dans les familles occidentales s’est banalisée. Ce phénomène nouveau oblige sexagénaires et septuagénaires à se rendre disponibles pour s’occuper de leurs parents âgés, et non plus seulement de leurs petits-enfants.
Il n’est jamais facile de livrer aux lecteurs ne serait-ce qu’un reflet de ses relations avec sa mère. Lorsque celle-ci atteint un âge que l’on qualifie pudiquement de grand, cela devient périlleux, car bien des repères nous manquent pour appréhender cette situation inattendue. Trois auteurs témoignent ici avec pudeur de l’expérience spirituelle qu’ils ont retirée de leur confrontation au grand âge à travers leur mère. Remi de Maindreville, dont la mère est presque centenaire, tente de montrer ce que nous avons à apprendre de notre relation avec notre mère âgée, pour peu qu’on l’aide à rester mère. Françoise Le Corre nous a fait l’amitié – et nous l’en remercions vivement – de nous offrir une prière écrite au moment où sa mère, décédée depuis, déclinait fortement. René-Claude Baud, enfin, s’est livré à une relecture de sa vie de fils a né et de prêtre au contact de sa mère. Ce texte, commandé pour ce numéro, est le dernier qu’ait signé le P. Baud, le 15 août 2010, dix jours avant sa mort. Alors qu’il se savait condamné, il l’a dicté de son lit d’hôpital à son frère