Les responsables ecclésiaux, et notamment les supérieurs majeurs de congrégations religieuses et instituts séculiers1, sont régulièrement amenés à prendre des décisions, petites et grandes. La relecture de quelques textes ignatiens, autour de la fondation de la Compagnie de Jésus, peut-elle apporter des éclairages utiles pour aujourd'hui, quant à la manière de décider ?

Il convient au préalable de situer quelques dimensions qui entourent une prise de décision. C'est heureux de chercher à prendre de bonnes décisions. À quels critères peut-on conclure qu'une décision est bonne ? Dans le domaine politique, est-ce l'absence de vague, ou les effets sur le long terme, ou une plus grande justice distributive entre des plus riches et des plus pauvres, ou le développement du commerce ? Avant d'approfondir le processus amenant à une prise de décision, on ne peut oublier cet horizon des critères d'évaluation : au-delà des moyens pris, quels étaient les objectifs recherchés ? Quelles adéquations et cohérences apparaissent dans la durée entre les finalités, les objectifs et les moyens ?

Une prise de décision2 est marquée par l'esprit qui anime les décideurs, et par le contexte. Les manières de faire ne sont pas les mêmes dans un monastère cistercien, dans une communauté dominicaine et dans une communauté de spiritualité ignatienne.

Il faut aller plus loin et s'apercevoir que, d'un pays à l'autre, il est des cultures locales qui font relire différemment l'histoire des origines, et donnent des accents particuliers à la manière d'interpréter. Toute analyse est donc située, dans le temps, dans l'espace et dans une culture. Le même travail de relecture des sources, effectué dans un autre contexte culturel que celui de la France en 2018, ne serait pas nécessairement sensible aux mêmes aspects.

Il y a enfin à rappeler que le discernement ignatien ne veut pas être fondé sur une intelligence pure, qui voudrait emporter l'adhésion par des raisons, mais qu'il a son inspiration dans un