C’est un tout petit livre, sans artifice et sans orgueil. Simple et beau. Le texte en est limpide. Attentif aux imaginaires contemporains, il rappelle les liens qui nous unissent à la terre, liens oubliés par l’homme prométhéen qui a confondu maîtrise et arrogance, épuisant la terre et nous valant une « éducation hors-sol ». Par opposition à cette démesure, émerge un vrai phénomène de société non seulement dans le souci écologique, mais, pratiquement, dans le fait que « le XXIe siècle se réveille avec des ardeurs jardinières ». Reste à sonder l’esprit d’une telle attirance : est-on face à un repli sur soi ou à une nouvelle façon d’être au monde ? Le regard bienveillant de l’auteur parcourt alors l’histoire longue des jardins, de leurs formes, de ce qu’on y apprend, de ce qu’on y découvre ; de la patience nécessaire, du délai entre le désir et sa réalisation, de nos capacités à « accompagner le cycle de la vie »…
 
Chemin spirituel déjà, qui révèle une autre dimension quand Patrice Kervyn nous entraîne dans les jardins de la Bible, puis dans l’esprit du jardin selon François d’Assise. Loin du stress et de la surexploitation, ces pages inspirées sont ressenties comme l’ouverture à une réconciliation avec la nature, l’espace, les plantes et les animaux dans un mouvement où il est possible de se retrouver soi-même et de retrouver les autres en se tournant vers Dieu. Qu’on ne craigne ni le rêve ni la fuite, moins encore la nostalgie. Cette paix cultivée a saveur de sagesse et de création.
Ajoutons que les très belles illustrations s’insèrent dans le texte sans jamais lui nuire. Elles contribuent à faire de ce livre un hymne aux couleurs et à la nature que l’on aura plaisir à offrir.
 
Françoise Le Corre