Membre de la fraternité diocésaine des parvis à Lille, écrivain que la revue Christus a la chance de compter au nombre de ses auteurs, Raphaël Buyse nous surprend et nous réjouit par cette belle prise de parole personnelle. Encore une fois, son style simple et direct fait mouche.

C'est l'histoire d'un prêtre. Ou plutôt, faudrait-il préciser, c'est l'histoire d'un prêtre qui ne craint pas de montrer qu'il est d'abord un homme, traversé lui aussi comme tous les hommes par des doutes, des joies et des peines. Alors que certains semblent croire que, pour être un pasteur « à la hauteur », il ne faut laisser apparaître aucun doute, Raphaël Buyse ouvre son récit par l'aveu d'une déroute (titre de son premier chapitre). Ce temps d'épreuve a bouleversé son image de Dieu : « Je l'avais ramené à mes désirs et à mes rêves » et de lui-même : « On a fait de moi un homme de Dieu, je me suis laissé faire sans résistance, j'y ai même cru. Je me suis pris au sérieux. » C'est dans le silence et le réconfort de la vie fraternelle bénédictine qu'il dit avoir été « ramené au cœur ». Là, il a renoncé à ses « évidences de prêtre hyperactif […] dans les larmes », car « on ne renonce pas aux dogmes qui nous ont façonnés sans en souffrir un peu », et a décidé de revenir dans la ville pour chercher Dieu auprès des hommes, dans les profondeurs du quotidien. Fin de la pieuse quête dans les hauteurs d'un au-delà dont nul n'a la science, et retour sur la terre. Le ton est donné et la confession de foi en Jésus Christ qui ouvre à la vie peut reprendre… plus humble peut-être, mieux ancrée dans le réel, assumant faiblesses et pauvretés. Raphaël Buyse est un digne disciple de Madeleine Delbrêl, il montre une belle fidélité aux intuitions de cette grande femme de foi.

À travers ces pages écrites sur un ton sobre, délesté des ornementations dont la littérature spirituelle se pare parfois, Raphaël Buyse ose dire et se dire. Il esquisse tout simplement la voie qu'il a choisi de suivre à l'école du Christ « pour devenir plus humain, apprendre comme Lui à être là, pas ailleurs ». Ainsi peut-il esquisser de belles pages sur la pauvreté, l'obéissance et l'amour, libéré qu'il est de l'image encombrante de ce que « devrait » dire un « bon prêtre » et de ce qu'il « devrait » être : un homme sans failles qui assumerait sans aucun questionnement sa condition d'homme mis à part. C'est un beau portrait de prêtre qu'il nous offre là, une vraie consolation…