Christus : Vous êtes religieuse auxiliaire du sacerdoce, enracinée depuis longtemps dans des paroisses du nord-est parisien, et théologienne, notamment en ecclésiologie. De ce fait, vous avez un regard particulier sur les paroisses au croisement de ces deux caractéristiques. Que pouvez-vous nous en dire ?

Anne-Marie Petitjean : Je suis en effet théologienne et engagée dans l'œcuménisme : c'est véritablement l'orientation de ma vie et cela détermine sûrement mon regard sur beaucoup de choses. J'habite dans la banlieue nord-est de Paris. Puisque j'enseignais l'ecclésiologie au Centre Sèvres, j'ai cherché un lieu d'Église où je pouvais avoir une vie ecclésiale cohérente avec cet enseignement que je prodiguais et un enseignement nourri de ce qui, aujourd'hui, fait la vie d'un diocèse et de ses paroisses. Du fait de la tradition pastorale de ma congrégation et des liens fraternels que nous entretenions avec le diocèse de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), c'est ce dernier qui m'a accueillie et qui m'a donné une mission diocésaine, en habitant à Villemomble et en faisant partie d'une des paroisses de cette ville. Celle-ci fut, au bout de quelques années, confiée à des prêtres venus d'ailleurs. Je me suis alors retrouvée dans un monde plus clérical que communautaire. Épreuve pour moi qui enseignait combien le ministère presbytéral est appelé à être non au-dessus ou en dehors mais au sein du « saint peuple de Dieu », un ministère chargé de nous rappeler que l'Église n'existe qu'à se recevoir d'un Autre. En théologie, on parle de la sacramentalité du ministère des prêtres. C'est tout autre chose que la sacralisation de leur personne. Certes, comme beaucoup d'autres, j'ai cherché ailleurs de quoi nourrir ma foi, mais sans pour autant déserter cette paroisse qui est, comme toute paroisse, rassemblement en un lieu d'un peuple aux diverses harmoniques. J'ai donc dû éviter le piège d'assimiler la paroisse à tel ou tel de ses prêtres. Et j'ai notamment cultivé des relations avec des gens qui avaient besoin d'être soutenus dans une situation devenue pour eux inconfortable.

Recevoir l'Église comme un don de Dieu

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