Les excès de paroles, ces dernières semaines, de mots et d’images, excès de colère, excès de violence, excès de scandales, d’égoïsmes, en tous domaines et occasions, mènent-ils à autre chose, finalement, qu’à un excès de surdité, d’arrogance et de défiance ? S’il permet opportunément de faire entendre une vérité contrariante, d’emporter une décision difficile ou de reprendre un dialogue, l’excès est peu propice au discernement, il empêche d’entendre et de voir juste, car par définition, il est sans proportion. En lui, nous devenons vite le jouet de la logique qui l’entraîne sans cesse plus loin, dans la démesure.


A l’inverse, le discernement appelle l’apaisement, l’intériorisation nécessaire au mûrissement des choix, à la pesée des arguments, au sentiment du meilleur et du plus juste. Mais comment trouver le repos du corps et de l’esprit dans la crainte tumultueuse qu’engendre l’excès ? Comment ouvrir le cœur à la paix qu’il cherche, quand la sécurité n’est pas là et la confiance en ruines ?

Deux gestes peuvent au moins y aider, sinon y parvenir. D’abord l’accueil en nous de l’enfant que nous demeurons, au sein de nos mille préoccupations d’adultes. Cette grâce d’accueillir nous vient dans l’écoute d’une parole qui donne d’une même abondance et la vie et la gratitude pour la vie. C’est une parole d’amour qui nous lie, parole d’un Dieu qui donne confiance en se livrant à nous. « L’écoute de la petite voix qui nous rappelle d’où nous venons » disait E. Fabert aux diplômés 2016 d’HEC, évoquant son frère. Se ravive alors la mémoire des liens gratuits qui nous fondent et nous tiennent dans l’existence : ces liens de famille, de filiation, qui nous font membres d’une société et d’une culture ouvertes, fécondes, mais que nous soignons mal, sous les soucis qui nous ferment. A renouer ces liens de confiance et de foi, en priorité chez ceux qui en étaient exclus, Jésus a passé sa vie jusqu’à la donner par amour.

Renaître à l’enfant qui est en nous et soigner les liens qui nous ouvrent à l’avenir, voici deux gestes précieux et bienvenus pour l’été et le repos.