Les nombreuses réactions à la renonciation de Benoît XVI projettent un profil spirituel impressionnant du pape à venir. Sa liberté intérieure face à toute pression tiendra à son humilité, forgée dans l’abandon par l’accueil des limites et des humiliations de toutes sortes. Homme de prière et d’intériorité, il sera aussi prophète, encourageant chaque initiative novatrice dans son gouvernement de l’Église. Habité par l’Esprit, il discernera un avenir salutaire pour l’humanité. Entièrement donnée à Dieu et aux hommes, toute sa vie fera de lui un témoin unique d’un amour éternel, attendu et espéré… On le sent, ce n’est plus là seulement la présence d’un pape, ni même d’un homme, qui se joue ici, c’est l’attente pressante d’un messie, d’un Christ vivant, Fils de Dieu mais parfaitement homme. Cette actualité du Salut a certes besoin de se lire dans la joie et le courage du pape à servir l’Église. Mais c’est à tous les baptisés, qui forment aujourd’hui la chair vivante du Christ ressuscité, qu’il revient de signifier l’espérance qui les fait témoigner. Merci à Benoît XVI de nous renvoyer à notre vocation propre et de préparer ainsi le chemin de son successeur. Par son dernier geste, le « Vicaire du Christ » nous désigne, comme à Emmaüs, le visage lumineux du Ressuscité qui s’efface au moment même où il se donne à vivre en nous par sa Bonne Nouvelle et son pain partagé.