N’y a-t-il pas une lassitude à refaire tous les jours la même chose ? Après la pause estivale, il peut nous arriver d’éprouver un léger sentiment d’usure quand il s’agit de remettre les habits du quotidien. Pour la plupart d’entre nous, la vie semble faite de redites. Nos tâches au travail, à la maison, dans nos divers devoirs, sont pour une grande part des gestes répétés jour après jour. De nombreux jeunes d’ailleurs, lorsqu’ils envisagent la vie de leurs aînés, ne voient que cet aspect routinier. Cela explique la difficulté qu’éprouvent certains à se projeter dans un monde un peu gris en apparence. Or c’est véritablement entrer dans le réel que d’accueillir la succession répétitive des moments, comme on apprécie le va-et-vient des marées ou le retour des saisons qui chaque fois apporte un air de renouveau. Le quotidien est à apprivoiser et à goûter car la grandeur n’est pas forcément dans le grand. Il y a une beauté à faire bien et en conscience les plus petits gestes de la vie. Nos pieds, nos mains, nos yeux et nos oreilles sont les premiers compagnons d’une prière qui consiste à prêter corps et coeur à leur action : travailler, marcher, regarder, écouter… Le bon artisan est celui qui ne rechigne pas à remettre l’ouvrage sur le métier, inlassablement, jusqu’à en être satisfait. Pouvons-nous, quant à nous, envisager nos vies comme l’oeuvre de cet artisan ? Accepter de refaire notre geste mille et mille fois, et trouver dans cette reprise et ce labeur la joie qui nourrit et renouvelle ?