Mettre la périphérie au centre comme l’Eglise vient de le faire dans le synode sur l’Amazonie, c’est mettre en œuvre ce que recommandait le pape François dans son exhortation Evangelii Gaudium. Mais c’est surtout apprendre à regarder le monde autrement. Non plus à partir de moi-même et des critères issus de mon environnement ecclésial mais à partir d’un autre point de vue. C’est-à-dire à partir du regard que l’autre porte sur le monde qu’il habite et sur les réalités qu’il affronte et à partir de l’amour singulier qu’il a pour la vie qu’il transmet et partage.

Regarder le monde autrement, c’est voir la bonté du Père dans la vitalité et la diversité des communautés chrétiennes et de la foi qui les engendre, de préférence à un modèle d’Eglise uniforme et interchangeable. Car c’est cette bonté qui tisse la fraternité et donne le désir de la partager

Regarder le monde autrement, c’est contempler Jésus-Christ ressuscité, quand des hommes et des femmes se découvrent appelés à donner leur vie comme lui, au service de la foi et de la justice la plus élémentaire.

Regarder le monde autrement, c’est vivre au souffle de l’Esprit, quand la soif de dignité et de reconnaissance des pauvres l’emporte dans l’Eglise sur la pureté des règles et des rites.

Mais regarder le monde autrement, n’est-ce pas aussi ce qu’Ignace nous invite à expérimenter quand il nous fait contempler les mystères de l’enfance et de la vie de Jésus au temps de Noël ? Nous décentrer de nous-même et entrer dans la scène à contempler, puis en tirer profit, pour voir comment aimer et servir concrètement aujourd’hui tous les hommes et les femmes qui cherchent considération, guérison, présence, amour, justice, vérité… Ainsi se tisse la chair de Jésus qui habite alors au milieu de nous, au centre de nos soucis, de nos relations, de notre Eglise, comme l’ont montré nos frères et sœurs de l’Amazonie.