Dans les pages qui suivent, nous pénétrerons dans la fabuleuse complexité de l'expérience mystique. Et nous le ferons à travers une des images les plus simples et quotidiennes, celle du voyage. Car la mystique est un voyage, le mystique un voyageur, les attachements (ou appétits) des obstacles au voyage, les nuits des lieux de passage, la foi un guide, l'amour une force, et l'union le but... Tout est métaphore.
L'expérience mystique est un voyage
Aider ceux qui, « commençant le chemin de la vertu (...), ne passent pas outre » : voici l'une des raisons pour lesquelles Jean de la Croix a écrit la Montée. C'est que pour lui l'expérience mystique est un voyage, et qui a comme tel un commencement. Pour en atteindre le but, nous avons besoin de nous déplacer : « Je prends un exemple : celui qui veut arriver à une ville. Nécessairement il doit aller par le chemin, qui est le moyen qui mène et unit avec la ville même » 3. Il en va de même dans l'expérience mystique où, comme dans notre vie quotidienne, toute action implique un mouvement. Jean de la Croix parle d'une sortie spirituelle, de sortir des choses et de sortir de soi-même — et tout cela pour l'amour de Dieu. Or si l'âme « sort d'elle-même par oubli de soi », c'est pour aller chercher le Bien-Aimé. Notre force pour mener à bien ce détachement provient de l'amour, réalité qui enveloppe tout dans l'expérience mystique. C'est ce même amour qui est au sein des choses, en chaque personne, en chaque action humaine, avec une incroyable bienveillance. Quelque chose d'aussi réel que l'air qui...
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