Vieillir, avancer en âge, sentir la diminution de ses forces, c'est le lot de tout un chacun. Dans la société actuelle le vieillissement est perçu de façon négative : la beauté d'un corps jeune, voilà ce qui a de la valeur. Mais la personne n'est pas qu'un corps, même si le corps ne peut être séparé du cœur ! Vieillir, c'est aussi acquérir certaines qualités mûries par le temps, comme le vin devient meilleur en vieillissant. Croître en sagesse et en sérénité peut être un objectif à poursuivre au fil des ans. Ce qui implique d'accepté de vivre des passages tout au long de sa vie. C'est là tout l'art de vieillir en gardant un cœur jeune. A l'heure du passage à la retraite, il est intéressant de relire les étapes qui ont aidé à garder et développer le dynamisme intérieur, mais aussi celles qui ont marqué une longue vie professionnelle, pour y découvrir le fil rouge resté présent malgré les changements professionnels et sous-tendant des engagements bénévoles. C'est ce que nous essaierons de développer au long de ces lignes, en espérant que cette évocation de la vie religieuse active puisse aussi éclairer plus largement le passage à la retraite.


ITINÉRAIRE DE VIE


Partir en retraite professionnelle est un passage une étape parmi d'autres pour celles et ceux qui ont choisi de répondre à l'appel du Seigneur dans la vie religieuse apostolique, mais aussi pour toute une génération qui a commencé à travailler dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale. Au sortir du noviciat, la plupart des jeunes religieuses étaient envoyées dans une institution scolaire ou hospitalière dirigée par leur congrégation. Les sœurs y assuraient l'ensemble des postes et y étaient polyvalentes. Dans l'institution scolaire, par exemple, elles étaient non seulement professeurs à plein temps, mais aussi surveillantes d'internat, secrétaires administratives, femmes de ménage etc. Autant dire qu'elles vivaient avec les jeunes vingt quatre heures sur vingt-quatre, avec le souci de leur formation humaine, intellectuelle, religieuse. Il ne s'agissait pas seulement d'une transmission de connaissances ; c'était une présence forte qui présentait bien des avantages sur le plan éducatif.
Après la révolution de mai 1968 et l'aggiomamento voulu par le concile Vatican II pour les instituts religieux, des communautés ont quitté l'institution où elles vivaient et travaillaient. Un certain nombre de soeurs sont devenues salariées de l'association de gestion de l'établissement où elles étaient en fonction, ou furent payées par le ministère de l'Education Nationale ; d'autres sont allées dans des entreprises ou des usines ; d'autres enfin ont choisi une profession sociale : aide ménagère, travailleuse familiale, assistante sociale. Ce fut donc un changement assez radical du fait de la séparation de la vie professionnelle et de la vie communautaire. Elles vivaient désormais la vie ordinaire des gens : habitant dans un quartier, découvrant de nouvelles relations sociales, l'engagement syndical et un autre mode d'organisation du temps.
Ainsi, l'arrivée à la retraite professionnelle, le passage à des activités bénévoles n'ont été souvent qu'une rupture parmi d'autres qui avaient déjà beaucoup marqué. Cette vie en plein monde, ouverte sur le milieu ambiant rural ou urbain, permettait et incitait à un engagement dans les mouvements d'Action Catholique ou les organisations professionnelles et associatives. C'était un milieu vivant, dynamique, où la créativité avait sa place. Ce fut un temps de crise aussi. Dans une vie aussi trépidante, aussi prenante, comment ne pas se laisser prendre par l'activisme ? Comment ne pas risquer de se couper de la Source qui fait vivre ? Chacune s'est un jour demandé : « Pour qui, pour quoi suis-je en train de courir ? Où est l'amour qui m'a mise en route à la suite de Jésus Christ ? »
Dans le bouillonnement d'idées issues de l'aggiomamento, comment ne pas risquer de chercher en dehors de soi des boucs émissaires, les raisons de ce qui ne va pas, du manque de goût à vivre ? Sans l'aide d'un frère d'une soeur, il est difficile de vivre le chemin de conversion nécessaire pour retrouver le sens de la vocation religieuse. Difficile de passer du « se donner » au « se laisser saisir » par le Seigneur, passer de « la sainteté désirée à la pauvreté offerte » 1. Un frère ou une sœur peut aider à lire ce qui est vécu, mettre des mots sur une crise intérieure et poser les questions qui appellent à l'approfondissement et à la conversion, faciliter le passage le repérage et le choix de ce qui fait vivre, ce qui donne du goût à la vie.
Cette étape, appelée « second appel », se révèle beaucoup plus importante que les ruptures professionnelles, sociales ou communautaires. Elle marque davantage que le passage à la retraite, parce qu'elle peut être vécue à une profondeur intérieure beaucoup plus forte. A l'arrivée à la retraite, il y a certes des ruptures à accomplir. Il s'agit de vivre le don de soi à Jésus Christ dans des activités bénévoles au service des « pauvres ». Mais ce qui est en jeu dans ces engagements, c'est le dynamisme intérieur qui les sous-tend. En répondant à l'appel du Christ à le suivre dans la vie religieuse, on a tout donné : temps, compétences, forces, capacités relationnelles ; en un mot la vie entière.
Arrivées à la retraite, il s'agit de continuer à vivre ce don jusqu'à la mort, compte tenu des situations concrètes de lieu, de force et de santé dans lesquelles on se trouve. Et cela, dans une disponibilité profonde au Seigneur. Dans la vie religieuse, il n'y a pas de retraite !
L'engagement à la suite du Christ se vit jusqu'au bout, quelles que soient les situations.


RISQUES ET CHANCES DE LA RETRAITE


Cependant, l'arrivée à la retraite comporte des risques et des chances. C'est un passage important pour tous ceux et celles qui ont vécu une vie professionnelle intense, notamment dans un statut salarial. Voici quelques aspects de ces risques et de ces chances, relevés dans les rencontres avec des soeurs qui parlent de ce passage :
   • Il y a d'abord la peur de l'agenda vide et l'empressement à le remplir. L'activisme vécu dans une activité professionnelle peut ne pas s'arrêter, bien au contraire. Ne voit-on pas parfois une retraitée moins disponible que lorsqu'elle était au travail à plein temps ? Peut-être faudrait-il se demander où s'enracine cette peur du vide.
   • Cette peur peut engendrer une fuite dans de nombreux engagements pris sans suffisamment de discernement... Qu'est-ce qui pèse dans les décisions ? Dieu a-t-il sa place dans les choix ? Laisse-t-on un temps de réflexion et de maturation entre un appel à un service et la réponse donnée ? Prendre le temps de s'arrêter régulièrement, de faire le point devant Dieu, de regarder ce qui remplit la vie, de discerner les priorités concrètes qui sont vécues, tels sont des moyens qui aident à décider dans le sens d'une vie de disciple du Christ.
   • La chance serait de pouvoir attendre, de prendre du temps pour réfléchir, de discerner la ligne dans laquelle on veut s'engager. On n'a plus à fournir un travail pour justifier la paie à la fin du mois.
   • Chance aussi de prendre du temps avant le départ à la retraite, pour s'y préparer, notamment en repérant les aspects de la personnalité restés en sommeil, faute de temps, en trouvant la manière de développer les talents reçus et de rendre grâce à Dieu qui a donné ces richesses.
   • Chance encore de pouvoir commencer sa journée par un temps de prière un peu long, de vivre des moments de gratuité dans les journées ou les semaines — occasion de s'ouvrir à l'inattendu d'une rencontre.
   • Chance, enfin, de prendre des temps de détente en vue d'un meilleur service, de marcher à son rythme, qui se ralentit avec l'âge. Dieu demande seulement de collaborer à son œuvre avec ce que l'on est aujourd'hui, et non d'accomplir des performances apostoliques.

DES PASSAGES À VIVRE


Tout au long de la route, les expériences vécues peuvent être tremplin, source de croissance ou, au contraire obstacles. Il faut donc « choisir la vie » (Dt 30,15). Evoquons quelques passages.

Assumer son histoire


Depuis l'enfance et tout au long de la vie, des événements nous ont marquées. Il ne s'agit pas seulement de ce que la mémoire intellectuelle a retenu, mais de ce qui s'est imprimé dans la mémoire des « tripes ». Assumer son histoire, c'est prendre les moyens de mettre des mots sur ce qui a été vécu, ce qui a blessé : des situations conflictuelles que l'on n'a pu élucider, des rancunes entretenues, des difficultés à pardonner, des amertumes, tout ce qui fait dériver l'énergie vers des impasses et conduit à un durcissement du cœur. On devient agressif, blasé : ce sont toujours les autres qui ont tort. Il s'agit donc de faire la vérité dans son histoire, demander de l'aide à quelqu'un qui peut écouter, permettre de nommer, éclairer ce qui a été vécu. Pour se mettre à relire cette histoire chacun peut repérer ses réactions agressives disproportionnées par rapport à ce qui les a provoquées. Regarder ce qui est touché, blessé en soi, ce que cela rejoint dans notre histoire. Prendre le temps de relire cela devant Dieu, en cherchant le moyen de sortir de soi-même, d'éclairer ce vécu dans un lieu d'écoute Alors il sera possible de rejeter ce qui encombrait de vivre une ouverture, une disponibilité, une liberté intérieure Assumer son histoire c'est en quelque sorte transformer ses blessures en cicatrices, se donner la possibilité de « vivre avec ». Il s'agit aussi de relire, dans l'action de grâces, les traces des passages de Dieu dans la vie. Et cette relecture « élargit l'espace de notre tente, déploie nos tentures et renforce les pieux » (7s 54,2).

Faire les deuils


Les déplacements, les changements professionnels, familiaux, sociaux, les ruptures de toutes sortes que chacun est amené à vivre tout au long de la route sont des moments où il est nécessaire de laisser tomber, de quitter, de renoncer à des activités, à des relations, à des lieux chers. Vivre, c'est perdre, mais perdre pour gagner ! Pas si simple ! Car il est nécessaire de perdre d'abord. Ce n'est qu'après coup, en relisant avec le Seigneur l'étape vécue, que l'on prend conscience du gain de vie. La condition reste de faire le deuil de l'étape précédente, de ne pas continuer à traîner tout ce qui pèse, encombre. Il est si facile de pleurer les oignons d'Egypte de continuer à fleurir les tombes des lieux où l'on a vécu, de garder vivante telle relation qui freine la marche. Marcher allègrement à la suite de Jésus Christ ne peut se faire sans se désencombrer. Vivre, c'est perdre, perdre pour vivre davantage.
La recherche de la sécurité à tout prix, la peur de ne pas avoir : autant d'attitudes qui peuvent amener à s'accrocher, à regarder l'avenir avec crainte à se centrer sur ce qui peut nous arriver. L'imaginaire est un mauvais conseiller en ce qui concerne l'avenir, car nous n'avons pas les lumières pour un futur lointain et les peurs qui nous habitent empêchent de vivre pleinement l'aujourd'hui. Pourtant, la grâce est donnée pour ce jour et non pour demain. Laisser la peur de l'avenir nous habiter empêche de vivre la créativité, d'être disponible pour de nouvelles missions. S'accrocher au passé, avoir peur de l'avenir : deux attitudes négatives qui nous empêchent de vivre pleinement le présent avec tout ce que nous sommes. Elles ne permettent pas au désir de germer et de grandir en nous.

Développer son intériorité


Plus qu'un passage à vivre, c'est tout un chemin à parcourir, une route jamais finie, une marche vers la sagesse, la sérénité, la joie profonde vécues au-delà des souffrances. Découvrir et développer le « roc intérieur » est un travail de longue haleine. Il s'agit de prendre du temps pour découvrir le cœur, ce lieu de nous-mêmes où Dieu nous crée, ce lieu de silence et de gratuité, ce lieu de présence à Dieu, ce lieu où le Seigneur veut habiter : « Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera. Nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (/n 14,23). Avoir dans la journée, dans la semaine, des moments de gratuité, même courts, permet de demeurer dans le silence intérieur et d'accueillir l'amour du Seigneur : laisser vivre en soi la vie donnée par Dieu.
Exercer ses sens intérieurs est aussi un moyen de développer l'intériorité. Nous avons cinq sens physiques qui nous mettent en relation avec le monde extérieur. De même, nous avons des sens intérieurs qui permettent de goûter la Parole, de sentir avec le coeur, de se laisser toucher par telle réaction ou parole qu'on a laissé descendre au fond de soi. Nous pouvons entendre les cris, les paroles de Jésus dans l'Evangile et les laisser s'enraciner en nous.
Accepter d'exposer au soleil de l'amour de Dieu les relations vécues, afin qu'il les transforme et les vivifie, qu'il nous réconcilie avec nous-mêmes et avec les autres. Laisser germer en soi la prière qui est merci, pardon, renouvellement de l'Alliance pour continuer la route. Peu à peu, la prière se simplifie, devient silence, désert par moments, moins cérébrale de toute façon. Cette prière est davantage habitée par ceux que nous rencontrons, enracinée dans le réel de la vie : simple présence à Dieu et aux autres. C'est dans ce lieu que les décisions se prennent que la foi grandit au-delà des doutes qui parfois nous envahissent et nous surprennent. Nous pouvons nous appuyer sur cette certitude intérieure que l'amour du Seigneur demeure : « Les montagnes peuvent s'en aller et les collines s'ébranler, mais mon amour pour toi ne s'en ira pas, et mon alliance de paix avec toi ne sera pas ébranlée » (/s 54,10).
Tout au long du parcours, la relecture de la vie sous le regard de Dieu apparaît comme un moyen privilégié pour avancer à la suite du Christ. Cette relecture aide à repérer ce qui fait vivre ce qui dynamise ce qui est source de bonheur : « Choisis la vie et m vivras » (Dt 30,19). Alors le fil rouge apparaîtra dans la diversité des engagements et des choix. Faire confiance, avoir foi en toute personne, croire que quel que soit le point où on en est, il est toujours possible de repartir. Rien n'est jamais perdu. Ainsi parle le Seigneur à Jérémie : « Comme l'argile dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. Maison d'Israël. (...) Ne suis-je pas capable de faire du neuf avec votre argile cassée?» (18,1-6).

Témoigner de l'espérance


Espérer, c'est avoir confiance en l'avenir. Or, en ce début de troisième millénaire les congrégations sont marquées par le vieillissement, du moins en Occident. Id, leurs membres ne se renouvellent plus. Les chrétiens eux-mêmes sont de moins en moins nombreux chez nous, et Dieu paraît parfois bien absent de ce monde qui semble pouvoir vivre sans Lui. Comme Etty Hillesum, nous pourrions dire à Dieu : « Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance.. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus claire : ce n'est pas Toi qui peux nous aider mais nous qui pouvons T'aider. » Paradoxalement, c'est dans ce contexte que nous sommes appelées à témoigner de l'Espérance dans un monde marqué par la violence, la pauvreté, le vieillissement de la population, la disparité grandissante entre pays riches et pauvres.
Ne sont-elles pas témoins de l'Espérance, ces sœurs retraitées qui choisissent de vivre en communauté dans des quartiers populaires, attentives aux personnes en situation de détresse ou d'exclusion ?
Témoins de l'Espérance, ces sœurs malades et handicapées qui vivent la fraternité dans des gestes d'entraide, telle Renée qui fait la lecture spirituelle à sa sœur malvoyante : chacune exprime tout ce que ce partage en profondeur lui apporte sur le plan de son chemin de foi à la suite du Christ. Témoins de l'Espérance aussi, ces sœurs qui relisent ensemble l'histoire de l'Église et celle de leur institut, pour y découvrir la fidélité d'un Dieu qui n'a cessé d'accompagner son peuple et qui continue son œuvre aujourd'hui.
L'espérance est une vertu théologale : espérer, c'est faire confiance à Quelqu'un, au-delà de nos espoirs humains. Comme les disciples d'Emmaûs, nous sommes tentées de dire : « Nous espérions... » Et, comme eux, nous sommes invitées à nous laisser rejoindre sur notre chemin par Celui qui nous parle dans l'Ecriture et dans notre vie : c'est là que s'enracine l'espérance. Le Christ ressuscité a promis à ses disciples : « Et moi, je suis avec vous jusqu'à la fin du monde » (Mt 28,20). Et le prophète Isaïe écrivait à un moment sombre de l'histoire du peuple choisi : « Les jeunes gens se fatiguent, se lassent, et les athlètes s'effondrent, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils prennent leur essor comme des aigles, ils courent sans se lasser, ils avancent sans se fatiguer » (Is 40,30-31).
Les disciples d'Emmaûs ont été amenés à se déplacer, non seulement pour aller à Jérusalem rejoindre la communauté des disciples, mais aussi dans leur coeur, en profondeur. Leur doute s'est transformé en joie : « Notre cœur n'était-il pas tout brûlant quand il nous parlait sur le chemin ? » (Le 24,32). Il s'agit bien de croire en la puissance de l'Esprit Saint, agissant dans l'Eglise, aujourd'hui comme hier. Il faut donc déplacer son regard afin de découvrir ce qui est vivant, ce qui est germe d'avenir. Sur la route d'Emmaûs, les disciples avaient le regard tourné vers un mort, et Jésus les amène à découvrir le Vivant. C'est à travers une vie toute simple de fraternité que les chrétiens d'aujourd'hui sont appelés à témoigner de l'espérance Elle se traduit pour chaque baptisé par un appel à devenir de plus en plus disciple de Jésus Christ quel que soit son choix de vie, quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve. Suivre le Christ à l'écoute de sa Parole dans l'Evangile : « Mieux connaître intérieurement le Seigneur afin de mieux l'aimer et le servir davantage. »

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La réponse à l'appel du Seigneur se vit avec toute son humanité. Développer ses potentialités, c'est devenir de plus en plus vivant. Assumer ses limites, s'appuyer sur ce qui donne force, et non sur ce que nous aimerions avoir, c'est l'une des dés de la croissance humaine et spirituelle : « Va avec la force que m as. N'est-ce pas moi qui t'envoie ? Je serai avec toi ! » (Jg 6,14). Va avec la force que tu as aujourd'hui, celle qui t'est donnée par le Seigneur. Lui est fidèle à sa Parole. Appuie-toi sur elle, et tu pourras avancer, devenir de plus en plus vivant et marcher ainsi vers la vraie vie, la Vie éternelle.



1. Michel Rondet, Chnstus, n° 137, janvier 1988, p. 47-54.