Vingt ans ont passé, mais tu auras toujours vingt ans, « vingt ans pour l’éternité, devant l’Éternel. Qu’il existe ou non, l’Éternel ce sera toujours cet enfant-là » (Marguerite Duras, si douloureuse). Cette phrase, je l’ai recopiée dans mon carnet le jour où Fabrice s’est suicidé, dix ans après toi. Il avait ton âge. Il était mon élève quand tu es morte. Quelques années plus tard, il était devenu prêtre et exerçait son ministère là même où j’avais commencé le mien. Un jour, on l’a trouvé asphyxié dans sa voiture au fond d’un garage qui avait été le mien. Fabrice n’était que sourire, comme toi.
Je viens de relire cette lettre que j’avais écrite quelques mois après ta mort dans mes nuits d’insomnie et de larmes. Je ne l’avais donnée à lire qu’à de rares amis, pour regretter ensuite d’avoir fait peser sur eux le poids de ma douleur. Était-ce pour m’en délivrer ou pour attirer sur moi l’excès de leur compassion ? Je réalise