L’autobiographie que nous livre Mgr Joseph Doré est passionnante à plus d’un titre. L’auteur y montre d’abord des talents de conteur que le professeur de théologie toujours en alerte ne laissait pas forcément deviner. En termes simples et dans une belle écriture, il retrace les différentes étapes de sa vie. Ce parcours est profondément marqué par les grandes questions que l’évolution du monde et de la société n’a cessé de poser au théologien et au responsable d’Église qu’est Mgr Doré. Ce livre est aussi le témoignage d’une aventure spirituelle : du séminaire de Nantes à l’archevêché de Strasbourg, en passant par la guerre d’Algérie, les études romaines, l’entrée à la Compagnie Saint-Sulpice, l’enseignement et la recherche en théologie, c’est toute la sensibilité d’un homme travaillé par le sens et la pertinence de la foi qui s’exprime à chaque moment de son existence. Jamais le questionnement philosophique et théologique n’est séparé de l’homme qui vit, aime, découvre, expérimente, partage, célèbre, soutenu par la joie profonde qui l’anime : « J’ai été un évêque heureux. » Sa fécondité théologique en témoigne. L’ouvrage révèle aussi l’homme de discernement à quelques carrefours de sa vie : choix de l’ordination, choix d’une vie de théologien dans la Compagnie Saint-Sulpice, accueil et acceptation difficile mais libérante de la charge épiscopale… Ici, comme dans les épreuves et la calomnie, c’est dans la contemplation et le désir de suivre le Christ dans la vie quotidienne que l’auteur puise le courage et la force dont sa joie est le signe. Cette passion pour la personne de Jésus, dans le travail contemplatif et théologique comme dans la célébration eucharistique, fait l’objet d’un des chapitres les plus importants du livre : « Jésus, d’abord et toujours ». Comme une sorte d’ostinato durant toute cette autobiographie, cette passion peut transmettre une nourriture solide à tout croyant exerçant une responsabilité spirituelle dans l’Église, tout comme elle fortifiait hier les étudiants de l’auteur.