Le P. Michel Jaouen ayant proposé de rendre disponible son fameux trois mâts des jeunes allant aux JMJ de Toronto, « Vie en Mer Entrée en Prière » a sauté sur l'occasion. Depuis 1995, cette équipe de jésuites, religieuses ignatiennes et laïcs mis en place un parcours pour entrer dans la vie spirituelle à travers la navigation voile. Voici des extraits du journal de bord collectif, rédigé dans le cadre d'un « atelier écriture » animé par Corine Robet. Les ruptures de style s'expliquent par son mode de rédaction : le groupe de six participants écrivait à partir des mêmes consignes, les textes étant ensuite recueillis dans un journal unique.

Seigneur, tu nous dis : « Vous êtes le Sel de la Terre », et nous, nous marchons, nous marchons dans la chaleur du soir. Seigneur, il doit faire encore 35° bien qu'il soit presque minuit nous marchons vers Toi, vers la grande croix qui brille au loin, plantée sur cette terre de jeunesse Seigneur, tu nous dis : « Vous êtes le Sel de la Terre », et nous, nous y avons cru et nous avons voyagé du bout du monde pour y être, sur ce bout de pelouse. Pluie, boue, fatigue, et pourtant nous recevons tant. Seigneur, tu nous dis : « Vous êtes la Lumière du Monde », et moi, j'ai appris l'humilité. Mettre en veilleuse ma certitude de réussir. Tu m'invites à une drôle d'espérance. Retrouver le groupe pour la transat. Ne pas réaliser ses rêves immédiatement et mettre sa confiance dans le Seigneur. Tu me donnes Ta paix.


28 JUILLET : TORONTO


Nous avancions harassés de fatigue vers ce bateau mythique qui hante nos rêves depuis bientôt six mois. Nous discutions des impressions que nous avait laissées la messe papale. Soudain, il nous est apparu au beau milieu de la pelouse. Les mâts semblaient sortir de terre et se dressaient comme des arbres nus, sans voile, sans feuille. Un détour pour l'atteindre, pour l'embrasser d'un seul coup d’œil Coincé entre les gratte-ciel, il semblait sortir de nulle part, sortir d'un autre monde. Il signifie la fin de ce marathon : attente, avion, marche, pluie... Il signifie le repos des jambes et de la tête. Fuir tout ce qui nous passe par la tête. Ce bateau porte un nom de promesse et de vie, celle que nous allons inventer à son bord.
Nous sommes attendus. . Le moment est enfin venu. Aude m'ouvre le passage. Passage à bord. J'enjambe le pont, hésite, puis fais le premier pas sur le « Bel Espoir II ». Comme pour me sécuriser et prendre possession de ce voilier, j'en fais rapidement le tour. Des silhouettes partout L'équipage est bien là. Le départ ne se fait pas attendre. 22 heures, et nous larguons les amarres. Que d'activités