"On a parfois du mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s'infligent les unes aux autres en ces temps déchaînés.
 
 
Mais je ne m'enferme pas pour autant dans ma chambre, mon Dieu, je continue à  tout regarder en face, je ne me sauve devant rien, je cherche à comprendre et à  disséquer les pires exactions, j'essaie toujours de retrouver la trace de  l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable.  Enseveli parmi les ruines monstrueuses de ses actes absurdes. ... Je regarde ton  monde au fond des yeux, mon Dieu, je ne fuis pas la réalité pour me réfugier  dans de beaux rêves - je veux dire qu'il y a place pour de beaux rêves à côté de  la plus cruelle réalité - et je m'entête à louer ta création, mon Dieu, en dépit  de tout !" 
 
Etty Hillesum -Amsterdam 1942 -Une Vie Bouleversée  p.117 et 118- Folio