Comment peut-on faire confiance à quelqu'un qui a dit que si vous
voyez blanc, il faut croire que c'est noir si l'Église hiérarchique en décide ainsi (Ex. sp. 365) ? Cette phrase, à elle seule et avec tout ce qu'elle présuppose, constitue un obstacle insurmontable pour la pensée réformée. Et il y en a d'autres : la direction de conscience, par exemple. Tels qu'ils sont décrits dans le manuel, les Exercices spirituels supposent un directeur qui donne les exercices et un retraitant qui les reçoit. Le directeur est censé contrôler les moindres détails du vécu du retraitant, et le retraitant invité à faire docilement les exercices et à confier au directeur ses états d'âme, ses difficultés, ses réussites et ses échecs. Cette disposition doit permettre au retraitant de chercher et de trouver davantage la volonté divine dans les choix de vie, en vue du salut de son âme (annotation 1).
L'intention est louable, certes, mais l'instrument redoutable : la manipulation et le viol des consciences, largement dénoncés dans l'histoire de la très puissante et influente Compagnie de Jésus, sont toujours possibles.
Que se passe-t-il donc pour que des réformés se risquent tout de même à faire des retraites selon les Exercices spirituels de saint Ignace ? On peut d'ailleurs se demander comment il se fait que des réformés s'astreignent à des exercices spirituels, quels qu'ils soient. Car l'objection la plus fréquente face à l'idée même de faire des exercices de prière, c'est que l'Esprit souffle où il veut et que vouloir faire des exercices dans ce domaine est une contradiction dans les termes : du moment que l'Esprit est insaisissable, on ne peut pas lui mettre la main dessus. Par ailleurs, tout est grâce, Dieu se donne comme il