Les gens qui font aujourd’hui bouger la société ne sont pas ceux dont on parle le plus, ni ceux qui s’expriment le mieux, ni même les politiques. Ce sont plutôt des hommes et des femmes très diversement situés dans la société, qui, par leur style de vie et de pensée, inscrivent des finalités humanistes dans leur parole, leurs choix, leur action. Leur attention discrète nous touche. Leur liberté nous stimule. Une simple conversation avec eux suffit parfois à changer notre regard. Ils ouvrent des perspectives. Ils attirent par la lumière qu’ils reflètent.
Dans l’Évangile, Joseph, l’époux de Marie, allie en lui discrétion et rayonnement. Amoureusement donné à sa mission, il sauve Marie de la honte et du scandale. Attentif à ceux qui lui sont confiés plus encore qu’aux événements, il sauve le Sauveur du monde de la haine d’Hérode. Tout proche du Fils pendant trente ans, il l’aide à trouver sa juste place dans la vie familiale comme dans la vie profession­nelle. Il lui apprend à parler et agir en homme libre et responsable dans la société.
L’amour de la société n’est pas une simple exigence de l’éthique chrétienne. Il est le chemin évangélique par lequel nous donnons chair au Christ. Dans la puissance discrète de l’Esprit, il engendre les gestes qui ouvrent le monde à l’espérance et à la justice, un monde toujours menacé de se fermer jalousement sur lui-même.