À force de monter, l’eau finit toujours par déborder. Si vous interrogez les prêtres qui n’ont cessé de subir au cours de la décennie écoulée 1 les assauts des « marées pastorales », ils vous diront tous qu’ils sont débordés. Et ils le sont effectivement. D’abord parce qu’ils sont toujours moins nombreux à s’atteler à l’œuvre immense d’évangélisation. Ensuite parce que le phénomène d’« exculturation du catholicisme », décrit par la sociologue Danièle Hervieu-Léger 2, a continué de faire son œuvre. Les demandes adressées aux paroisses sont de plus en plus habitées de désirs très subjectifs. L’objectivité du sacrement demandé non seulement n’est plus évidente ou, du moins, n’est plus vraiment consciente chez la plupart des intéressés. Du coup, alors que nous sommes moins nombreux, le travail d’inculturation – qu’on appelle aussi « nouvelle évangélisation » – s’avère titanesque. Il implique un investissement de plus en plus conséquent pour accompagner des cheminements qui, s’ils ne manquent pas d’intérêt, n’en sont pas moins dévorants d’énergie et requièrent du temps, beaucoup de temps et pour longtemps.
 
Outre la raréfaction et le vieillissement du clergé, les acteurs laïcs se font rares, eux aussi. Ils se recrutent principalement parmi les « jeunes retraités » qui veulent pouvoir choisir aujourd’hui leurs engagements et surtout le rythme de ceux-ci. C’est leur droit, mais cela a des conséquences sur leur disponibilité. Ils veulent bien répondre aux appels de l’Église mais sans avoir de « fil à la patte ». Quant aux générations actives, elles subissent un rythme de vie de plus en plus dense, ce qui rend délicat – mais non impossible – leur participation à la mission. Avec cela, nous sommes tiraillés entre une génération sur le départ qui a une demande de religiosité forte et une plus jeune quasiment ignorante